Le Figaro Magazine

Dans la tête imaginaire de... Elvis Presley

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Le King a disparu le 16 août 1977, mais le paradis lui a réussi : lorsque nous l’avons rencontré, il venait de finir une jam-session avec son admirateur John Lennon (« Il est gentil, mais son accent est un peu bizarre quand même. ») et avait retrouvé la grâce féline de ses débuts. Après avoir pris une gorgée de soda et une bouchée de hamburger, il nous a accordé une audience.

Elvis Presley, cela fait quarante ans que vous êtes ici, comment vous y sentez-vous ?

Eh bien, monsieur, laissez-moi vous dire ceci : comme vous le savez, lorsque je vous ai quittés, j’étais enfermé aux toilettes à cause de ces problèmes de constipati­on chronique dus à toutes les drogues que je prenais – oui, j’ai péché – et mon coeur a flanché. Alors naturellem­ent, je suis heureux d’être dans ce lieu moins confiné.

Vous êtes en bonne compagnie ?

Oh oui, j’ai retrouvé mon papa Vernon et ma maman adorée Gladys. C’est la meilleure pour me faire mes sandwichs préférés : bacon, banane frite et beurre de cacahuète. Vous savez, ici, il n’y a pas de problème de cholestéro­l ! D’ailleurs, j’ai à nouveau ma ligne de jeune homme. Et puis j’ai retrouvé mon frère jumeau, Jesse, à qui j’ai pensé toute ma vie. Il est mort le jour de notre naissance, le 8 janvier 1935, alors forcément, la conversati­on est limitée. Mais c’est un bébé charmant. Il gazouille quand je lui chante Love Me Tender !

Et votre manager controvers­é, le Colonel Parker ?

Quand je suis arrivé, j’ai demandé au patron :

« Seigneur, où se trouve Mr. Parker ? » Et il m’a répondu : « Elvis, vous êtes ici chez vous, car même si vous avez péché, vous avez un coeur pur, vous avez honoré votre père et votre mère, et j’aime beaucoup ces albums de chants sacrés que vous avez enregistré­s : vous êtes un bon croyant. Mais le Colonel Parker, ce n’était pas possible : il vous a fait jouer dans trop de navets au cinéma, alors je l’ai envoyé en enfer. D’ailleurs, il ne s’appelait pas Tom Parker mais Andreas Cornelius Van Kuijk : c’était un Hollandais ! Et il n’était pas colonel non plus : c’était un bonimenteu­r qui avait commencé sa carrière en faisant danser des poulets sur des plaques chauffante­s. » Vous imaginez ma surprise… Tout le monde s’est moqué de moi !

Comment vous occupez-vous ?

Eh bien, j’ai pu reprendre mon activité préférée : le kart. Et puis, avec mes amis Johnny Cash, Carl Perkins et Roy Orbison, on fait du gospel pour la messe, et du rock and roll le vendredi soir. Chuck Berry vient de nous rejoindre mais Jerry Lee Lewis est toujours en bas, ce qui est un comble puisqu’il était vraiment le plus cinglé d’entre nous.

Des activités extramusic­ales ?

On a une bonne médiathèqu­e ici, alors j’ai regardé les films avec mon ex-femme, Priscilla : Y a-t-il un flic pour sauver la reine ? et Y a-t-il un flic pour sauver le Président ? J’ai découvert ses talents comiques et j’ai bien ri. Je l’aimais tant, vous savez. Certes, je l’ai beaucoup trompée, mais tout de même, me quitter pour mon prof de karaté, c’était rude.

Et votre fille, Lisa Marie ?

Ma petite chérie, l’amour de ma vie… Elle me manque énormément. J’étais un peu étonné quand elle a fricoté avec ce Michael Jackson, que je trouvais assez bizarre. Et puis elle s’est mise brièvement avec Nicolas Cage, qui m’idolâtre et qui a fait une imitation de moi correcte dans Sailor et Lula. Je le trouvais sympathiqu­e jusqu’à ce qu’il porte ces perruques ridicules.

Auriez-vous un message pour vos fans français ?

Je leur dirais : merci pour tout. N’oubliez pas de respecter les enseigneme­nts de Notre Seigneur Jésus-Christ, soyez gentils avec votre maman, mais surtout, arrêtez d’essayer de faire du rock and roll, vous n’êtes pas doués pour ça, si j’en juge par ceux qui m’ont singé, Johnny Hallyday, Dick Rivers et Eddy Mitchell. D’ailleurs, ces pseudonyme­s m’ont toujours beaucoup amusé.

Que vous a dit saint Pierre à votre arrivée ?

« Elvis, vous pouvez faire tout ce que vous voulez, mais ne marchez pas sur mes chaussures en daim bleu. »

Mince, quel connaisseu­r !

Que lui avez-vous répondu ?

« Ne soyez pas cruel ! »

PROPOS MIRACULEUS­EMENT RECUEILLIS PAR NICOLAS UNGEMUTH

 ??  ?? Tous les albums d’Elvis Presley sont disponible­s chez RCA/Sony. A lire : « Last Train to Memphis » et « Careless Love », la biographie inégalable de Peter Guralnick en deux volumes (Le Castor Astral).
Tous les albums d’Elvis Presley sont disponible­s chez RCA/Sony. A lire : « Last Train to Memphis » et « Careless Love », la biographie inégalable de Peter Guralnick en deux volumes (Le Castor Astral).

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