La chronique de François d’Orcival
Nouvelles sanctions américaines contre la Russie, expulsion en représailles de personnels diplomatiques (et pas seulement d’attachés militaires) en mission à Moscou, déclarations provocantes du viceprésident des Etats-Unis, Mike Pence, à la frontière russe, en Estonie, sur « votre imprévisible voisin » et la menace qu’il peut faire peser… Il y a comme un emballement de guerre froide en plein été – alors que l’on aurait tant besoin d’une intervention commune et organisée des deux grands acteurs pour éteindre les guerres à haute et basse intensité qui se déroulent en Orient et en Asie occidentale. Cet emballement est à mettre en relation avec celui qui s’est emparé de la Maison-Blanche. C’est parce que Donald Trump est pris dans une nasse et qu’il tente d’en sortir que cette situation ne peut qu’empirer. En cause : l’enquête américaine sur l’immixtion de la Russie et de ses services secrets dans la campagne présidentielle américaine pour faire gagner le candidat (Trump) qui voulait mettre fin à l’hostilité d’Obama à l’égard de Poutine. Or cette enquête est confiée à l’ancien patron du FBI, Robert Mueller, héros du corps des marines, qui a décidé d’en passer par un « grand jury ». Le très à droite hebdomadaire National Review explique cette semaine ce sur quoi cela peut déboucher : un rapport d’enquête qui pourrait s’interroger sur « la capacité [de l’actuel président] à assumer les charges de la présidence »… On voit la menace ! C’est de la dissuasion nucléaire, une sorte de préface à un impeachment.
Et c’est pourquoi Trump n’a d’autre choix que de procéder à une gesticulation antirusse insistante afin d’écarter les soupçons qui peuvent peser sur lui, sa famille et son entourage. Le piège est en train de se refermer sur lui, constitué par une majorité massive du Congrès et une Amérique militaro-industrielle qui se fabrique avec la Russie le bouc émissaire historique dont elle a besoin pour la défense de ses intérêts politiques et économiques.
Au milieu de cette reconstitution de guerre froide, Emmanuel Macron rejoue le rôle de la France médiatrice du bon vieux temps ; il reçoit avec un faste calculé aussi bien Poutine que Trump, en espérant se replacer en acteur indispensable au centre du jeu. C’est bien vu. Mais il sait aussi que, sur le terrain des choses sérieuses, c’est-à-dire en Syrie ou en Irak, les « moustachus » de la CIA et du FSB font bien attention de ne pas aller trop loin.
La Russie, éternel bouc émissaire de l’Amérique militaro-industrielle