En vue : Cédric Lorenzini
A 28 ans, le plus jeune joueur de l’équipe de France de bridge a toutes les cartes en main pour devenir champion du monde.
Cédric Lorenzini a la mémoire vive, le discours clair et le sourire facile. On parle peu de lui dans les médias. Il affiche pourtant une carrière éblouissante… mais dans une discipline peu connue en France du grand public : le bridge. Dès dimanche, il disputera les championnats du monde qui se déroulent à Lyon et dont la finale aura lieu le 26 août après deux semaines de compétition. Le bridge, qui frappe à la porte des Jeux olympiques depuis de nombreuses années, est-il vraiment un sport ? Cette question, le jeune Mulhousien, champion d’Europe, sacré joueur de l’année aux Etats-Unis en 2015 et qui a débuté à l’âge de 7 ans (en paire avec son grand-père), l’a déjà entendue des centaines de fois. Pédagogue, il répond : « Il y a un adversaire à battre, une dimension psychologique, physique également. Il faut s’entraîner pour rester au meilleur niveau, étudier la stratégie des adversaires, apprendre à jouer avec son partenaire, faire preuve d’endurance pendant les tournois et rester combatif face à des joueurs coriaces… Toutes les spécificités d’un sport ! »
Ce qui l’a séduit dans le bridge ? Pouvoir affronter des personnes intéressantes. Il a déjà ouvert les enchères face à Bill Gates, Warren Buffett ou Carlos Ghosn, tous trois grands amateurs de la discipline. Le fait de jouer en équipe l’a aussi attiré, contrairement aux échecs, qui l’ont tenté à une certaine époque. « Sur un échiquier, vous revenez toujours aux mêmes positions. Au bridge, les enchères peuvent faire que vous ne jouerez jamais la même partie en soixante-quinze ans ! C’est une suite de miniproblèmes à résoudre, dans un temps très rapide, alors que les échecs consistent plutôt en une planification à long terme », poursuit ce diplômé d’un doctorat de chimie qui a mis les pipettes entre parenthèses pour devenir professionnel.
Pour se préparer à la compétition, Cédric Lorenzini a ses recettes. Le running et la natation, une alimentation saine et un sommeil régulier lui permettent de travailler sa résistance. « Nous jouons jusqu’à sept heures quotidiennement pendant quinze jours. C’est un vrai sport d’endurance. On peut s’autoriser un verre de vin le soir, mais le matin un réveil deux heures et demie avant la première partie est indispensable pour que le cerveau soit bien irrigué. »
Parmi les équipes qu’il va surveiller de près (américaines, monégasque, néerlandaise…), aucune ne lui paraît invincible. D’autant que la championne du monde en titre – la Pologne – a été éliminée dès les championnats d’Europe. « La preuve que, dans ce sport, rien n’est jamais gagné d’avance », conclut Cédric Lorenzini.