Le Figaro Magazine

LES TUMULTES DE LA GUERRE S’IMMISCENT DANS LA VIE QUOTIDIENN­E

- VINCENT JOLLY

→ Droit, un parti nationalis­te et radicaleme­nt antirusse ayant participé à la chute de l’ancien président prorusse Viktor Ianoukovit­ch) semblent épuisés. « Que ce soit en Europe ou en Ukraine, les gens n’ont aucune idée de ce qui se passe ici, du nombre d’hommes qu’on a perdu à combattre cette armée de terroriste­s russes », raconte celui qui se fait appeler Yuritz. Cet homme de 37 ans, ancien juriste, habitait à plus de 700 kilomètres de Donetsk, mais n’a pas hésité à prendre les armes pour venir se battre aux côtés des autres membres de Pravy Sektor. « Vous pensez qu’en face ils trouvent leurs armes où ? C’est la Russie qui les leur envoie, et ils se battent sans relâche. Alors on se sacrifie pour être ici, et pour que le reste du pays puisse continuer à vivre. Mais il faut renforcer les sanctions économique­s contre Poutine. » Yuritz et les autres occupent un ancien centre de vacances reconverti en bunker de fortune à l’aide de sacs de grains ou de caisses de munitions. Au sol, les douilles se mélangent à la poussière et aux mégots de cigarettes. « On ne tire que sur ordre du commandeme­nt, ou si on est attaqués », affirme Yuritz qui considère, comme ses compagnons d’armes, qu’ils ont le soutien de la population. Un soutien parfois mâtiné de colère, certains habitants affirmant souvent ne pas savoir d’où viennent les tirs qui ont touché leur maison, ou accusant les soldats de profiter de l’absence des civils pour piller les habitation­s. « Ils m’ont volé mon frigo ! » tempête une femme faisant l’aller-retour à Donetsk plusieurs fois par semaine et résidant dans la zone rouge. Une accusation que Mikhaïlovi­tch balaye d’un trait d’humour : « Vous pensez qu’un soldat peut s’encombrer d’un frigo sur la ligne de front ? Et puis vous voulez qu’il en fasse quoi ? »

Le 11 juillet dernier, dans le sillage d’une déclaratio­n du président Porochenko témoignant de son projet d’adhérer à l’Otan et de celle du secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson affirmant la volonté des Etats-Unis de « restaurer la souveraine­té et l’intégrité territoria­le de l’Ukraine », Bruxelles a adopté définitive­ment un traité d’associatio­n avec le pays, qui entrera en vigueur le 1er septembre prochain.

Autant de signes d’espoir

qui pourraient venir en aide à une situation enlisée et à l’échec du processus de Minsk (lancé en 2015) qui devait préserver le cessez-le-feu et ébaucher un plan de sortie de crise. Depuis janvier, selon la Vice-Première ministre chargée de l’intégratio­n ukrainienn­e, Ivana Klympusch-Tsintsadze, 120 soldats ukrainiens et 50 civils sont morts dans les combats contre les séparatist­es. Une impasse meurtrière que pourrait venir empirer une relance du conflit par Moscou à l’heure où les dirigeants européens peinent à de s’accorder sur la politique à adopter face aux décisions du Kremlin. ■

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A quelques centaines de mètres de la ligne de front, un homme de la brigade Dnipro-1 inspecte une maison à Marinka, à la recherche d’armes illégales.

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