Le Figaro Magazine

CLEUR ÉTHIQUE : SERVIR DIEU, PROTÉGER LES FAIBLES

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et été, comme tous les ans, La Légende des chevaliers, spectacle joué dans le cadre des Médiévales de Provins, fait le plein de spectateur­s, tout comme Les Chevaliers de la Table ronde et Le Secret de la lance au Puy du Fou ou le Tournoi de chevalerie de Sedan. Dans les familles, on reverra en DVD Excalibur de John Boorman (1981) ou Kingdom of Heaven de Ridley Scott (2005), ce qui n’empêchera pas l’aïeule de se remémorer Les Aventures de Robin des Bois (1938), film dans lequel Errol Flynn était si beau… Les plus jeunes préféreron­t Kaamelott, d’Alexandre Astier (2005), série télé dont l’esprit rappellera à leurs parents Monty Python. Sacré Graal ! de Terry Gilliam, chef-d’oeuvre satirique de leur jeunesse (1975). Pour ceux qui ne jurent que par les livres, Lancelot du lac, Perceval ou Ivanhoé sont des romans qui traversent les génération­s.

Inusable chevalerie : cinq ou six siècles après sa disparitio­n, elle fait toujours rêver. Elle occupe aussi les historiens. Depuis une vingtaine d’années, les travaux se multiplien­t à son sujet, révisant nombre d’idées reçues, à commencer par les plus répandues. Qui sait, par exemple, que les chevaliers du Moyen Age n’étaient pas toujours des nobles ? Pour comprendre cette institutio­n qui a tant marqué l’imaginaire européen, il faut remonter aux origines.

Avant l’an mil, les termes latins milites et militia, traduits ultérieure­ment par « chevaliers » et « chevalerie », désignent les soldats et le service armé qu’ils exercent. La cavalerie, alors, n’existe pas en tant que corps : les cavaliers sont en réalité des fantassins qui se déplacent à cheval et descendent de leur monture sur le champ de bataille. C’est au XIe siècle que l’art du combat à cheval, qui existait dans l’Antiquité, est redécouver­t en Occident, en recourant à une race équine robuste, sans doute venue d’Asie au VIIe siècle. Les premiers chevaliers sont donc des cavaliers d’élite qui se mettent au service des princes et des seigneurs féodaux qui les emploient.

Ces hommes de guerre sont équipés d’armes défensives : un écu, un haubert (une cotte de mailles à manches et à coiffe, qui pèse jusqu’à 12 kilos), un heaume (un grand casque oblong enveloppan­t d’abord le sommet du crâne et le nez, puis toute la tête et le visage). Et d’armes offensives : l’épée, qui mesure moins d’un mètre, et la lance. Lourde et longue, cette dernière

se tient à l’horizontal­e, calée sous le bras. Son usage inaugure une nouvelle technique : lors des charges collective­s, désarçonne­r son vis-à-vis afin de disloquer les lignes adverses. La puissance du coup, souligne le médiéviste Jean Flori, dépend de la vitesse et de la cohésion du projectile que constitue l’ensemble formé par la lance, le cheval et le chevalier. L’introducti­on du cheval comme instrument de combat a entraîné l’invention des étriers, destinés à assurer la stabilité du cavalier, de même que les progrès de la selle. Avec le temps, le duo formé par le chevalier et sa monture seront conduits à renforcer leur protection. A partir des XIIIe et XIVe siècles, une armure métallique articulée, d’un poids de 20 à 25 kilos, enveloppe le cavalier. Son destrier est lui-même caparaçonn­é, la tête recouverte. Le cinéma ou la bande dessinée aiment l’image spectacula­ire du chevalier harnaché, revêtu d’une tunique colorée ornée de son blason, mais cette représenta­tion est le plus souvent anachroniq­ue car elle correspond en réalité à l’époque où la chevalerie a entamé son déclin.

Au XIIe siècle, l’affronteme­nt à cheval se généralise et devient l’apanage de guerriers qui ont choisi cette forme de combat. Mais au début, le groupe social qui s’appelle la chevalerie est issu de tous les milieux : certains chevaliers sont fils de paysans. Accompagna­nt le seigneur dans ses déplace- →

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 ??  ?? La bataille de Bouvines (tableau d’Horace Vernet, 1827), fut en 1214, une des plus belles victoires de la chevalerie française contre son homologue anglaise.
La bataille de Bouvines (tableau d’Horace Vernet, 1827), fut en 1214, une des plus belles victoires de la chevalerie française contre son homologue anglaise.

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