MICHAEL “NICK” NICHOLS, À L’ÉTAT SAUVAGE
En quarante ans de carrière, ce natif d’Alabama s’est imposé comme l’un des meilleurs photojournalistes du monde animal. Une rétrospective de son travail est exposée au festival Visa pour l’image, à Perpignan, où “Le Figaro Magazine” lui remet ce week-end
La première fois que j’ai pris un appareil photo dans les mains, tout a changé. Après, je n’ai plus jamais regardé en arrière. Depuis, je n’ai jamais eu d’autres passions : je suis devenu complètement obsédé par la photographie. J’ai abandonné tout le reste. Ne restait plus que cette obsession : celle d’obtenir quelque chose d’unique. Je pense que le moment où on n’est plus fait pour ce métier, c’est quand on croit que, ça y est, on a la bonne photo… La différence entre une bonne et une excellente image, c’est cette sérendipité : quand tous les éléments sont là, mais que l’accident arrive, quand un instant absolument hors de votre contrôle se passe sous vos yeux, et que la magie opère. » Comme ce jour de 1990, au zoo de Brazzaville, où la célèbre ethnologue et anthropologue Jane Goodall tend le front vers la main tendue de Jou Jou, un chimpanzé. La scène, illuminée par un rayon de soleil, rappellerait presque La Création d’Adam, de Michel-Ange : une fresque sublime, inoubliable et pleine de symboles. Autre moment magique : lorsque C-Boy, un lion du Serengeti, s’interrompt en plein festin d’un zèbre fraîchement tué et, tout en dévorant la carcasse de l’animal, plonge son regard dans l’objectif.
Ces heureux « accidents » sont légion dans la carrière de Michael « Nick » Nichols. Celui que les magazines ont longtemps surnommé « l’Indiana Jones de la photographie » s’est illustré depuis 1979 comme l’un des photojournalistes incontournables de sa génération. Ses 27 reportages pour le magazine National Geographic lui ont valu quatre premiers prix au World Press Photo, dans la catégorie Nature et Environnement, ainsi que plusieurs expositions à travers le monde dont la plus récente – une rétrospective de son travail à l’occasion de la sortie de son livre A Wild Life (une vie sauvage), publié aux éditions Aperture - est présentée en ce moment au festival Visa pour l’image de Perpignan, où il vient de remporter le visa d’or d’honneur décerné par
Le Figaro Magazine pour l’ensemble de son oeuvre.
« Je veux que les gens se souviennent de mes photos, poursuit le photographe de 65 ans. La première fois que je me suis retrouvé seul avec des animaux sauvages, j’ai réalisé que j’étais à ma place. Que je pouvais donner une voix à des espèces qui n’en ont pas. »