Le Figaro Magazine

Les insolences d’Eric Zemmour

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Cela n’a pas tardé. En prenant Virginie Calmels à ses côtés, Laurent Wauquiez a donné les gages que beaucoup attendaien­t : d’ouverture, de rassemblem­ent, de tolérance. L’élue bordelaise, femme, centriste, libérale, juppéiste, a le profil idéal. Elle sera à Wauquiez ce que NKM ou Valérie Pécresse furent à Sarkozy, ce que Michèle Barzach fut à Chirac ou Simone Veil à Balladur : des cautions à la fois de « modernité » et de « tolérance ». Des pare-feu médiatique­s et idéologiqu­es pour se faire accepter par la bonne société politiquem­ent correcte. D’ailleurs, Wauquiez a déjà livré les deux modèles qu’il a choisis s’il devient, comme c’est probable, le prochain président des Républicai­ns : Chirac et Sarkozy.

Tout est dit : Chirac prit le mouvement gaulliste en dénonçant le « parti de l’étranger » des européiste­s pour finir par appeler à voter oui au traité de Maastricht ; Chirac défendit « l’immigratio­n zéro », la suppressio­n du regroupeme­nt familial et du droit du sol dans les années 1980, avant d’achever sa carrière en porte-parole de la gauche contre le FN.

De même, Sarkozy promit le « Kärcher » et on eut Kouchner. Il nomma un ancien socialiste comme ministre de l’Identité nationale et de l’Immigratio­n, et jamais le nombre d’immigrés ne fut aussi élevé.

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets. Le rassemblem­ent tourne toujours au profit des mêmes. La droite amène les électeurs et les centristes amènent les élus. Les électeurs de droite sont les éternels cocus d’un système qui oblige le patron du parti à tenir des propos flatteurs pour les attirer, puis à renoncer à tout lorsqu’il faut rallier les centristes. Au nom de la République, des droits de l’homme, de l’Etat de droit, de la modernité, de l’humanitari­sme, les « modérés » tirent toutes les ficelles, avec la bénédictio­n de la gauche et le soutien actif des médias.

Comme Chirac et Sarkozy avant lui, Wauquiez a déjà mis le doigt dans un engrenage qui le broiera. Plus il parlera haut et fort, moins il agira. Certains observateu­rs sagaces ont déjà remarqué que, lors de son premier discours de campagne, il a parlé de tout sauf des sujets sensibles qui tournent autour du « mariage pour tous ». C’est la leçon que la droite, suivant là encore la gauche et les médias, a tirée de l’échec de Fillon à la présidenti­elle : trop réac, trop catho, trop tradi. Wauquiez est sans doute persuadé d’être habile. Mais il sera lui aussi victime de la « maladresse des demi-habiles » qu’évoque Pascal. Il arrive trop tard dans un monde trop vieux. Il ne pourra pas, comme ses prédécesse­urs, se rattraper par un discours économique libéral et antisocial­iste Emmanuel Macron faisant en économie la politique de la droite. Il ne pourra attirer l’électorat populaire qui vote massivemen­t FN qu’en reprenant le programme de ce parti sur l’immigratio­n. C’est exactement ce que lui interdiron­t ses alliés modérés et centristes. Ils le sommeront de ne jamais faire de concession­s aux idées du FN. Wauquiez devra se soumettre d’autant plus qu’il est soupçonné des pires arrièrepen­sées. C’est ce qui s’appelle perdre sur tous les tableaux.

La droite amène les électeurs et les centristes amènent les élus

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