Le Figaro Magazine

PIC***, VALENCE

- ANNE-SOPHIE PIC

Les femmes sont de plus en plus nombreuses dans le milieu de la gastronomi­e, et ce dans tous les corps de métier. Qu’elles soient Chefs, étoilées ou non, pâtissière­s, directrice­s de restaurant ou sommelière­s, elles sont toutes passionnée­s et ont toutes à coeur de défendre les valeurs de leurs métiers en participan­t à l’opération « Tous au Restaurant » .

Parmi elles, on compte notamment les fameuses Mères Lyonnaises Florence Perier (Le Café du Peintre), Brigitte Josseran (Le Jura) et Catherine Roux (Le Comptoir d’Alice), mais aussi la Chef Fabienne Eymard, qui officie chez Benoit, le seul bistrot étoilé de Paris ou encore Mikaela LIaroutsos, la jeune Chef qui donne un nouveau souffle à la cuisine grecque avec son restaurant Etsi.

Que représente pour vous l’opération « Tous au Restaurant » ?

A-S.P : Je trouve que c’est une opération d’une grande utilité, qui permet depuis plusieurs années de remettre à l’honneur la culture du restaurant, une culture importante et symbolique en France, qui avait tendance à disparaitr­e un peu. Pour moi, le fait d’aller au restaurant doit garder ce sens particulie­r, c’est un moment de partage incomparab­le, une vraie parenthèse que l’on s’offre dans un monde où tout doit toujours aller vite. Nous participon­s à « Tous au Restaurant » car c’est une occasion unique pour nous d’ouvrir nos portes à des personnes qui n’auraient pas eu les moyens de venir en temps normal, ou qui n’auraient simplement pas osé.

A quels critères prêtez-vous particuliè­rement attention au restaurant ?

A-S.P : Il y a deux choses primordial­es pour moi quand je vais au restaurant, que je place vraiment au même niveau. Il y a bien sûr la cuisine, l’émotion transmise par le plat, sa magie, son équilibre. Mais l’ambiance a aussi toute son importance, la qualité du service, la dynamique du moment, c’est capital et c’est ce qui transforme un bon diner en moment exceptionn­el.

Pensez-vous que les femmes ont un rôle particulie­r à jouer dans l’univers de la gastronomi­e ?

A-S.P : Oui je crois beaucoup au potentiel des femmes, je crois qu’elles ont une vraie vision à apporter. Une vision douce, mais pas mièvre, chaleureus­e, empathique et très émotionnel­le.

Selon vous, le fait d’être une femme est-il plutôt un atout ou un inconvénie­nt dans votre métier ?

A-S.P : Au début, c’était plutôt un inconvénie­nt, j’éprouvais une sorte de sentiment de culpabilit­é de faire ce métier « d’hommes ». Je n’étais pas vraiment moi-même. Mais le temps passant, c’est devenu un véritable atout. J’aime beaucoup travailler avec des hommes, on a souvent des visions différente­s mais complément­aires.

Une Chef qui vous inspire particuliè­rement ?

A-S.P : Nadia Santini, Chef du restaurant Dal Pescatore en Italie, mon premier modèle de femme en cuisine. Elle dégage beaucoup de douceur et de spirituali­té, elle est très inspirante.

D’où vous vient votre passion pour la cuisine ?

A-S.P : Je baigne dedans depuis toute petite car j’ai grandi dans un restaurant. L’histoire a commencé avec mon arrière-grandmère, Sophie Pic, puis a continué avec mon grand-père, un des premiers Chefs 3 étoiles au Guide Michelin, et avec mon père. La cuisine coule vraiment dans nos veines. Mais ça n’a pas été tout de suite évident pour moi, c’était devenu assez étouffant donc j’ai voulu suivre ma propre voie, j’ai fait des études de commerce. J’ai eu le déclic à la fin de mes études, j’ai su que j’étais une créative et que je voulais travailler en cuisine. J’ai eu besoin de cet éloignemen­t pour me trouver. Pour moi, la passion vient et s’accentue avec le temps.

Quelle est votre journée type ?

A-S.P : Le matin je dépose mon fils à l’école. Ensuite, j’essaye de consacrer ma matinée à la réflexion et à la création, dans ma cuisine d’essai, avec mon bras droit. Ce sont les deux services qui rythment la journée, et c’est à ce moment que j’échange avec les clients. L’après-midi, en général, je gère la partie administra­tive. Le soir, je rentre dîner avec mon fils et mon mari, cette coupure est importante pour moi. Aujourd’hui, je laisse de plus en plus d’autonomie à mes équipes pour dégager du temps et travailler ma créativité, réfléchir à de nouvelles idées.

Comment décririez-vous votre cuisine en 3 mots ?

A-S.P : C’est toujours un exercice compliqué pour moi, j’ai beaucoup plus de mal à parler de ma cuisine que de celle des autres. Mais je dirais : amplitude aromatique, créativité, émotion. En tout cas c’est comme ça que j’aimerais qu’on la perçoive.

Qui inspire le plus votre cuisine ?

A-S.P : Je dirais les parfumeurs en général, j’ai beaucoup d’admiration pour « les nez », je trouve qu’il y a un vrai parallèle entre nos deux univers. Et en particulie­r Francis Kurkdjian, célèbre parfumeur connu entre autres pour sa création Le Mâle pour Jean-Paul Gauthier, avec qui j’échange régulièrem­ent.

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