LES ODIEUX DU STADE

La politique est un sport de combat. Edouard Philippe ne cache pas sa passion pour la boxe. Pour ne pas être en reste, Valérie Pécresse pose gants de cuir aux poings, prête à décocher un direct du droit. Tous les coups sont permis. Il n’y a pas que l’ENA, dans la vie. Nous sommes dirigés par de valeureux athlètes. On voyait souvent Sarkozy s’essouffler durant son jogging ou peiner sur son vélo, entouré de gardes du corps. Villepin exhibait ses pectoraux en sortant de l’Océan à La Baule. Macron s’est affiché en train de taper dans un ballon ou raquette de tennis à la main. Ah, vraiment, ils tiennent à prouver qu’ils ne sont pas que des bêtes à concours. Pompidou ne mangeait pas de ce pain-là : il citait Eluard à ses conférences de presse et dînait avec Sagan, ce qui devait être excellent pour la santé. Poutine n’hésite pas à enfiler son kimono de karaté avec un visage exempt du moindre second degré. Les Américains sont plus sages : ils jouent au golf, comme Mitterrand. La perversité de ce dernier était telle qu’il organisait chaque année l’ascension de la roche de Solutré, accompagné d’une escouade de courtisans dont aucun n’osait le dépasser (fin sourire du chef de l’Etat). Curieuse manie. Imagine-t-on de Gaulle embauchant un coach personnel à l’Elysée, essayant de perdre ses kilos superflus ? C’est drôle, quand même, ce besoin qu’ils ont tous d’échapper à leur fonction. Quand ils ne rêvent pas d’être des champions, ils veulent écrire des livres. Au secours ! Le mot de la fin revient à Churchill, à qui on demandait le secret de sa longévité. Réponse : « No sport ! »

Il n’y a pas que l’ENA, dans la vie