MISSION TOUJOURS AUSSI IMPOSSIBLE
CHER TOM CRUISE, l’accident dont vous avez été victime lors du tournage de Mission Impossible 6 (ou 9 ou 43, on ne sait plus trop) va peut-être vous inciter à négliger un peu les films d’action. Personne ne s’en plaindra. Surtout pas ceux qui iront voir Barry Seal (en salles le 13 septembre), où vous faites la preuve de votre immense talent de comédien sans avoir besoin de courir à cloche-pied pendant 200 mètres, sauter d’un immeuble de 8 mètres de haut, mitrailler un groupe de mercenaires russes patibulaires ou vous accrocher à la carlingue d’un avion en plein décollage. Ici, vous les pilotez, les avions. Des Boeing de TWA, pour commencer. Puis des bimoteurs survolant l’Amérique centrale après qu’un agent de la CIA vous a recruté. Votre mission, hautement patriotique ? Réaliser des photographies clandestines des camps d’entraînement des guérillas marxistes au Panama, au Salvador et au Honduras. Puis livrer des armes aux Contras anticommunistes du Nicaragua. C’est risqué, mais terriblement amusant. Et rémunérateur. Pour la plus grande joie de votre femme, cela le devient encore plus quand vous acceptez, au retour de vos périples aériens, de rapporter des kilos de cocaïne produite par le trio du cartel naissant de Medellín dont vous avez fait connaissance en poussant un jour jusqu’à la Colombie. Double engagement, double engrenage, double rémunération. Mais peut-on doubler EN MÊME TEMPS la CIA et Pablo Escobar ? L’homme que vous incarnez, Barry Seal, a réellement existé. Entre 1978 et 1985, couvert par un gouvernement américain dont le cynisme est une caractéristique pour ainsi dire génétique, il s’est livré à l’espionnage, au trafic d’armes et de drogue. Par pur appât du gain (dans des proportions faramineuses), besoin addictif de shoots d’adrénaline et orgueil suicidaire. La vie de ce pion d’une gigantesque (et illégale) machinerie géopolitique méritait à coup sûr un grand film. Il est là, formidablement mis en scène par Doug Liman, parfaitement rythmé, jouant les montagnes russes entre la comédie familiale et la charge politique. Et, répétons-le, magnifiquement interprété. Post-apostrophum : « Est-ce légal ? »
« Si vous le faites pour les gentils, oui. »