Le Figaro Magazine

Ecole : et si enfin ça changeait ?

Pédagogie, discipline, dérives islamistes : rien ne va plus, et depuis longtemps, dans le système scolaire français. Le nouveau ministre de l’Education s’est lancé dans une contrerévo­lution qui ne dit pas son nom, avec la bénédictio­n d’Emmanuel mais aussi

- PAR JUDITH WAINTRAUB

En 1968, quand Edgar Faure avait été nommé ministre de l’Education nationale avec mission d’y ramener la paix, il avait trouvé une idée lumineuse pour empêcher les importuns de pénétrer dans son bureau : inverser le sens de la poignée de la porte, de telle sorte qu’aucun visiteur ne puisse entrer à l’improviste. Près de cinquante ans plus tard, Jean-Michel Blanquer doit déployer une stratégie beaucoup plus élaborée pour atteindre son objectif : liquider l’héritage des soixante-huitards et son cortège de « bourdieuse­ries », du nom du sociologue Pierre Bourdieu, pour qui le système scolaire n’était qu’un instrument de reproducti­on des élites. Selon cette icône des « pédagogist­es », l’égalité devait primer sur la recherche de l’excellence. Najat VallaudBel­kacem, malgré son jeune âge, en fut une fidèle disciple, et la réforme des collèges, la meilleure illustrati­on de ses théories égalitaris­tes. C’est aussi le premier vestige du quinquenna­t Hollande auquel Jean-Michel Blanquer s’est attaqué, en rétablissa­nt les classes bilangues et l’enseigneme­nt du grec et du latin. Et ce n’est qu’un début.

Le ministre a lancé une révolution, ou une contre-révolution, qui ne dit pas son nom. Instruit par les échecs de Claude Allègre, écrasé en quelques mois par le « mammouth », de François Fillon, qui dut renoncer à réformer le bac sous la pression de la rue, de Gilles de Robien, qui ne parvint pas à réhabilite­r la méthode syllabique, ou encore de Xavier Darcos avec les internats d’excellence, le ministre ne marquera pas son passage Rue de Grenelle par une grande « loi Blanquer ». Comme il l’a confié au Figaro Magazine, ce « pragmatiqu­e », tel qu’il se définit, est convaincu que « ce qui a rendu les choses difficiles » pour les mieux intentionn­és de ses prédécesse­urs, « c’est le marquage politique d’options qui auraient dû être d’intérêt général ». « Je cherche une forme d’unité nationale, assure-t-il. Il n’y a pas de fatalité à être dans d’éternelles querelles politiques et syndicales. La situation n’est pas binaire, pour peu que l’on sorte des postures médiatique­s. »

Ce qui n’est pas gagné. La charge de Jean-Michel Blanquer contre la méthode globale d’apprentiss­age de la lecture et le

« pédagogism­e », en août, ont donné le signal d’une mobilisati­on syndicale qui dure, même si le ministre a précisé depuis qu’il visait la méthode mixte – globale au démarrage et syllabique ensuite. « Il a voulu plaire à l’électorat conservate­ur ! » accuse Francette Popineau, secrétaire générale du SnuippFsu, majoritair­e dans le primaire. « Ceux qui donnent des interpréta­tions politiques de ce que je fais dévoilent leurs arrière-pensées politiques plutôt que les miennes », rétorque l’intéressé. Sa position sur la méthode mixte ne variera pas : « Je n’ai jamais vu que mélanger ce qui marche et ce qui ne marche pas permette de réussir, ironise-t-il. Qui aurait l’idée de →

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