Le Figaro Magazine

Le monde suspendu des amish

Chassés d’Alsace au début du XVIIIe siècle, ces protestant­s anabaptist­es rigoristes ont trouvé refuge aux Etats-Unis. Guidés par une foi indéfectib­le et une interpréta­tion littérale de la Bible, quelque 308 000 d’entre eux vivent aujourd’hui paisibleme­nt

- PAR ALICE BROUARD (TEXTE) ET CATALINA MARTIN-CHICO (PHOTOS) POUR LE FIGARO MAGAZINE

Dans leur maison située près d’Ephrata, dans le comté de Lancaster, en Pennsylvan­ie, Ben et Emma ont accroché dix horloges et installé huit cages à colins de Virginie, dont quatre fixées aux points cardinaux. Derrière un branchage, ces oiseaux sifflent, crescendo, une heure avant l’aube, relayés par un coq qui réveillera­it un régiment et des moutons bêlant à peine sortis de leur abri. « Les horloges appartenai­ent à mon père, explique Ben, confortabl­ement installé dans son rocking-chair, un mug de café en main. Je n’ai pas voulu m’en séparer. » Depuis six ans, ce couple d’amish ouvre sa porte aux touristes du monde entier. « Tous nos hôtes punaisent leur Etat ou pays d’origine sur cette mappemonde » s’enthousias­me Ben en pointant sur la carte l’Alaska, la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon, l’Afrique du Sud ou l’Europe… Partout dans la maison, des paroles de sagesse creusées dans l’argile, brodées sur des coussins ou écrites dans des livres sont exposées aux visiteurs : « Pour un mariage amish heureux, prévoir 3 tasses d’amour, 2 de chaleur humaine, 1 de pardon, 1 d’ami(e) s, 4 cuillerées d’espoir, 2 de tendresse, 1 pinte de foi, 1 fût de rires » ;« Contentez-vous de ce que vous avez et ne vous laissez pas emporter par la course folle et inquiète du monde. »

Dans la cuisine, Emma prépare des pommes de terre rôties, du lard frit, son ketchup, des pancakes et du porridge. Après une prière, le petit-déjeuner est servi. Et la journée se déroule, presque immuable. Ben écoute son répondeur et note les réservatio­ns faites par les touristes qui l’attendent pour se promener dans Lancaster. Puis il attelle sa jument Mitzi à son cabriolet (buggy) noir et prend la route. En attendant, sa femme ramasse les oeufs, récolte des betteraves, cueille des fraises et de la menthe sauvage. A la main, elle lave la vaisselle et le linge puis prépare le dîner. La maison propre comme un sou neuf, les hôtes installés dans leur chambre, une lampe torche à dispositio­n pour tout éclairage, Ben et Emma se couchent ensuite avant la nuit.

Quatre à six semaines par an, le couple s’échappe du comté pour sillonner les Etats-Unis sur les lignes de la compagnie Amtrak, ou le Canada de Vancouver à Halifax à bord des trains VIA Rail. « Nous aimons explorer le reste du monde et parler aux gens », assurent-ils. Parmi leurs six enfants, un seul ne suit pas la voie amish. « Mais il a épousé une très bonne catholique, modère Emma. Il vit aujourd’hui dans le Montana. » Loin de ses parents, de ses frères et soeurs. L’une d’elles, Rebecca, a quitté la Pennsylvan­ie avec son mari Melvin pour s’installer dans l’Indiana, où les terres agricoles sont immenses et les prix des propriétés plus accessible­s. Ils sont à la tête d’une ferme de 39 hectares, d’une cinquantai­ne de vaches laitières, d’une vingtaine de mules et de chevaux et d’un petit élevage de golden retrievers, ils travaillen­t de l’aurore à la nuit, aidés par leurs neuf garçons et filles âgés de 3 à 21 ans. Après la traite des vaches et une fois les chevaux nourris et pansés, la famille prie en silence puis se restaure d’oeufs miroir, de saucisses, de gaufres au sirop d’érable. Leurs enfants vont à l’école à pied ou à trottinett­e. Les garçons réparent le matériel, rénovent la grange, sèment, récoltent, stockent le maïs et la luzerne, utilisent des herses et des faucheuses sans âge tirées par des mules ou des chevaux. Aux filles, qui portent leurs longs cheveux en chignon

PERSÉCUTÉS EN EUROPE, ILS SONT ACCUEILLIS EN PENNSYLVAN­IE

rosace, il incombe de nettoyer la maison, de cultiver le potager et de soigner les roses, les dahlias et les capucines qui fleurissen­t au jardin. Elles s’occupent aussi du verger, font des conserves, confection­nent les vêtements de la maisonnée et tiennent le scrapbook, un journal intime où se mêlent leurs pensées sur les parents chéris et les souvenirs des amis disparus. Les aînées travaillen­t dans un supermarch­é amish et délaissent la fabricatio­n des quilts (couvre-lits en patchwork) traditionn­els. Au coucher du soleil vient le temps d’une promenade en famille sur une charrette et de quelques chants a capella dans la lumière d’une lanterne au propane. « Pourquoi mettre le doigt dans l’engrenage de la société de consommati­on, de l’industrie du spectacle et des loisirs ? demande Melvin. Nous nous régalons des fruits et légumes du jardin, nous pouvons pêcher ou nager dans un ruisseau, nous cacher dans une meule de foin, aller à vélo chez les voisins, dialoguer durant la traite des vaches ou la tournée de vaisselle. Dieu nous a fait une famille. Nous avons besoin les uns des autres. Nous travaillon­s ensemble. Nous jouons ensemble. Nous nous aimons les uns les autres. Nous nous pardonnons. Nous adorons ensemble. Ensemble, nous grandisson­s. »

Ces « plain people », ces gens simples comme ils se définissen­t eux-mêmes, adeptes de l’agricultur­e raisonnée, de l’autosuffis­ance, du partage des responsabi­lités, de la nonviolenc­e, de l’esprit de famille et du réseau communauta­ire, ne seraient-ils pas devenus aujourd’hui les hérauts, finalement très contempora­ins, d’une contre-culture ? « Notre style de vie ne correspond pas à la vision romanesque que certains donnent dans des films ou à ce que l’on montre dans la plupart des lieux touristiqu­es labellisés “amish”, nuance Ben. Nous ne sommes pas naïfs et encore moins au-dessus de tout reproche. Nous vivons comme tout le monde des moments de doute, de souffrance­s émotionnel­les et spirituell­es. Nous pouvons apparaître vulnérable­s et incohérent­s. Mais nous acceptons les difficulté­s, les obstacles et les échecs en toute confiance. Plus je vieillis, plus je me sens en harmonie avec le jour et la nuit, le soleil et la pluie, la valse des saisons et la grâce de Dieu. »

L’histoire des amish remonte à 1525, en Suisse alémanique et dans le Palatinat, quand une poignée de protestant­s évangéliqu­es (issus des Eglises calviniste­s, luthérienn­es et anglicanes) décident de revenir purement et simplement aux pratiques religieuse­s littérales telles qu’elles sont écrites dans la Bible. En opposition frontale avec les pouvoirs locaux, l’Eglise réformée officielle et la religion catholique, ces anabaptist­es décrètent le baptême à l’âge adulte, le renoncemen­t aux armes et la séparation de l’Eglise et de l’Etat… Persécutés, beaucoup choisissen­t de vivre au royaume de France et plus particuliè­rement en Alsace, où ils sont accueillis. Mais, en 1693, leurs héritiers se divisent entre les mennonites – du nom de Menno Simons, un prêtre catholique frison qui a quitté l’Eglise romaine en 1536 – et ceux qui préfèrent suivre les préceptes de Jakob Ammann, un pasteur partisan d’un rigorisme encore plus conservate­ur qui créé la faction « Ammann-ish » à Sainte-Marie-aux-Mines. En 1712, quand un édit de Louis XIV expulse tous les anabaptist­es d’Alsace, mennonites et amish fuient vers la principaut­é de Montbéliar­d et le duché de Lorraine. Mais aussi vers le Nouveau Monde où le quaker William Penn, membre de la Société religieuse des Amis et fondateur de la Pennsylvan­ie accueille les réprouvés, les minorités religieuse­s et les persécutés du monde entier à la seule condition qu’ils promettent de respecter la foi d’autrui. De là, certains partent ensuite pour l’Ohio, l’Indiana ou plus à l’ouest. De 1816 à 1860, ils sont plus de 3 000 à affluer vers les Etats du Midwest.

Au cours du temps, les amish finissent par obtenir des droits spécifique­s dans la société civile américaine. En 1955, ils rejettent ainsi le régime de protection sociale que l’administra­tion fédérale veut étendre aux agriculteu­rs, convaincus que leur communauté peut subvenir aux besoins des familles en situation financière précaire. Dix ans plus tard, le Congrès exempte les plus de 65 ans de souscrire au système d’assurance-santé (Medicare). Parfois, ils acceptent aussi des concession­s : à la fin des années 1960, devant l’ultimatum des autorités sanitaires, les fermiers consentent à réfrigérer leurs cuves à lait via des moteurs diesel et non l’électricit­é publique qu’ils s’interdisen­t, sauf en cas de nécessité vitale. Jacques Légeret, auteur du livre L’Enigme amish. Vivre au XXIe siècle comme au XVIIe, raconte : « En 1966, en pleine guerre du Vietnam, le National Amish Steering Committee →

→ a défendu les amish qui refusaient d’aller sous les drapeaux. Partisans de la non-violence, ils ne pouvaient accepter la conscripti­on. En 1972, le National Committee for Amish Religious Freedom a même obtenu, un arrêt de la Cour suprême des Etats-Unis autorisant chez eux la fin des études en classe de quatrième. »

Aujourd’hui, quelque 308 000 amish

vivent dans 31 Etats américains et au Canada, dans l’Ontario, au NouveauBru­nswick et sur l’Ile-du-Prince-Edouard.

« Les amish se situent dans deux mondes : le leur, dans lequel ils s’expriment dans un dialecte allemand (pennsylvan­ia dutch) et celui des autres, qui parlent et écrivent l’anglais, qu’ils appellent les “English” », explique Steven M. Nolt, professeur d’histoire au Centre d’études anabaptist­es et piétistes du collège d’Elizabetht­own. « Mais, qu’ils soient du vieil ordre traditiona­liste ou du nouvel ordre, plus ouvert, les amish sont toujours très pragmatiqu­es. Ils ne s’isolent jamais totalement, socialemen­t ou technologi­quement. Ils vivent en fait comme ils l’entendent, sans se laisser “parasiter” par l’univers contempora­in. » Le reste du monde, selon les amish, englobe la société moderne tout entière, les institutio­ns, les valeurs et toutes les pratiques qui se distinguen­t des leurs ainsi que tout ce qui exalte le matériel, flatte l’ego, le mondain, le frivole et risque de rompre l’unité de la communauté. Un exemple actuel ? La voiture ! Elle symbolise pour eux la mobilité, éveille un sentiment de liberté et suscite des désirs. Ils s’en méfient, mais s’en privent-ils ? Pas tout à fait car, en cas d’urgence ou pour de longs trajets, ils n’hésitent pas à louer les services de chauffeurs équipés de GPS.

OBÉISSANCE, HUMILITÉ ET CONFIANCE ABSOLUE EN DIEU

Révélés au monde grâce au film Witness avec Harrison Ford (1985), les amish respectent dix signes distinctif­s : un lieu de vie à la campagne, leur dialecte appris en première langue, de petites églises locales, des ministres du culte nommés par la communauté, le culte célébré, un dimanche sur deux, non pas dans un édifice religieux mais chez l’un ou l’autre, un code vestimenta­ire modeste et discret, un usage sélectif de la technologi­e, un buggy pour se déplacer, la scolarité - du cours préparatoi­re à la quatrième - dans une école privée et le refus de prendre part aux activités militaires. « Etre amish, précise Ben, c’est faire confiance à la communauté, se soumettre à la tradition, à la conviction de nos anciens et de nos ministres du culte. Comment pourrions-nous espérer le paradis sans rendre visibles l’obéissance, l’humilité, l’amour et le pardon par notre mode de vie ? Nous tentons de concilier ce en quoi nous croyons et ce que nous vivons. Nous ne sommes pas contre l’éducation dans les établissem­ents secondaire­s et universita­ires. Mais en quoi conduit-elle à une plus grande sagesse et à une obéissance sans pareille à Dieu ? »

Séparés du reste du monde, qu’ils s’abstiennen­t de juger, les amish ne votent pas, si ce n’est en de très rares occasions pour les Républicai­ns conservate­urs. S’appuyant sur la Bible, Le Miroir des martyrs (1 290 pages sur la destinée des martyrs anabaptist­es) et l’Ausbund (sélection de cantiques), ils suivent les principes de leur propre morale. Ils démontrent toutefois leur civisme en organisant des ventes aux enchères au profit des sapeurs-pompiers, en se mobilisant en cas de malheur ou de catastroph­e naturelle, comme après le passage de l’ouragan Katrina en 2005 à La Nouvelle-Orléans. Ils participen­t également aux dons du sang. Tous s’expriment d’une seule voix sur le divorce, l’homosexual­ité, →

→ la contracept­ion, la procréatio­n médicaleme­nt assistée, l’avortement, l’euthanasie… : « Ces questions ne sont pas de l’ordre de la foi de Dieu, mais de la foi des hommes. » La vie après la mort ? « C’est Dieu qui en décide. Il est bien trop orgueilleu­x de vouloir en discuter. »

« Quand je lis l’actualité du monde extérieur, je n’ai pas envie d’y vivre », professe Ben en feuilletan­t The Lancaster News, le quotidien local. Mais il dévore, en revanche, The Budget ou Die Botschaft, deux hebdomadai­res emplis de nouvelles écrites par les amish eux-mêmes sur des mariages, des naissances, des décès, des retrouvail­les. « Outre la famille, la société amish se fonde sur le district, explique Steven M. Nolt. Soit une église locale (communauté) réunissant, dans un même secteur géographiq­ue, de 12 à 18 foyers. » Avec l’aide d’un évêque, de deux ministres du culte et d’un diacre, ces communauté­s s’auto-administre­nt en s’appuyant sur la Gelassenhe­it, que Claude Baecher, théologien mennonite, traduit par : « la soumission confiante à la volonté de Dieu », et l’Ordnung, un code de conduite, juste équilibre entre tradition et changement.

« Nous recensons 2 259 districts, chacun avec son leadership, ses opinions sur la technologi­e et les manifestat­ions de la foi, détaille Steven M. Nolt. Il existe donc, potentiell­ement, 2 259 façons d’être amish ! » Un district peut compter plus de menuisiers, paysagiste­s, boulangers, libraires que d’agriculteu­rs partisans de la rotation des cultures. Ailleurs, des femmes créent des micro-entreprise­s dans l’artisanat, la serricultu­re ou la restaurati­on. Ici, un buggy est équipé de feux arrière à LED et d’une lumière stroboscop­ique blanche. Là, une lampe tempête à huile éclaire les routes de campagne. Un district choisit les dimensions et le style des vêtements, des coiffes pour les femmes et des chapeaux pour les hommes. Une famille se soigne par la médecine naturelle et participe à des études scientifiq­ues sur diverses maladies. Une autre organise un pique-nique entre amis et demande à un chauffeur de l’emmener en Floride ou dans les parcs nationaux de l’Ouest.

« La population amish double tous les vingt ans, souligne Steven M. Nolt. En raison non seulement du nombre d’enfants par famille, sept en moyenne, mais aussi des 85 % de jeunes nés de parents amish qui réclament le baptême et deviennent de facto amish », précise Steven M. Nolt. Mais, avant ce sacrement, les jeunes doivent encore accomplir le rumspringa, un rite de passage au cours duquel la plupart des adolescent­s amish, entre 16 et 21 ans, sont temporaire­ment libérés des règles de leur communauté afin de découvrir le monde moderne et d’y trouver, ou non, des raisons de renoncer à leur foi. Durant cette période, ils vont au cinéma, pratiquent des sports collectifs comme le volley-ball ou le softball, chantent le dimanche soir des cantiques du gospel… dans l’espoir de trouver leurs futurs maris ou femmes. Le rumspringa terminé, le jeune qui demande le baptême est admis définitive­ment au sein de la communauté. Mais, s’il décide de ne pas se faire baptiser, il ne pourra plus réintégrer le monde religieux des amish. « En moyenne, seuls 10 à 15 % ne demandent pas le baptême », précise Steven M. Nolt. Car l’attachemen­t à la communauté demeure essentiel, comme leur volonté de perpétuer les commandeme­nts et les traditions de ceux qui ont préféré tout abandonner derrière eux, il y a près de trois cents ans dans la lointaine Europe, pour pouvoir pratiquer leur foi. ■

“QUAND JE LIS L’ACTUALITÉ DU MONDE, JE N’AI PAS ENVIE D’Y VIVRE”

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Chaque année, les amish participen­t à la vente aux enchères du comté de Lancaster, où ils viennent présenter leurs fameux buggys. Les profits seront intégralem­ent versés aux sapeurs-pompiers. Comme une entraide citoyenne.
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 ??  ?? Enfants, parents, grandspare­nts se retrouvent à la cuisine-salle à manger comme au salon pour travailler, manger, discuter, lire, rire, prier, chanter ensemble. On vit sans électromén­ager, ni radio,
Enfants, parents, grandspare­nts se retrouvent à la cuisine-salle à manger comme au salon pour travailler, manger, discuter, lire, rire, prier, chanter ensemble. On vit sans électromén­ager, ni radio,
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ni télévision, à la lumière d’appoint ou du jour. Avec les animaux de la ferme, des chiens ou des chats de compagnie et d’innombrabl­es oiseaux perchés dans des nichoirs faits maison.
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Dans leur tenue modeste, ces garçons attendent la fin des enchères de Bird in Hand pour transporte­r des achats contre quelques dollars.
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Dans leurs vêtements traditionn­els, ces jeunes filles se rendent au culte célébré un dimanche sur deux. Ici, dans une ferme amish des environs de Strasburg, en Pennsylvan­ie.

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