L’affiche/Les passe-temps d’Eric Neuhoff
En Grèce, les timbres sont à l’effigie de Costa-Gavras.
Nul n’est obligé de lécher la nuque du réalisateur : ils sont autocollants. Les colonels feraient une drôle de tête. Là-bas, la mer est bleue et les maisons sont blanches. Quand le vent souffle, c’est presque l’inverse. Le meltem ne s’en prive pas. La houle remue comme un gros animal préhistorique dans son sommeil. Les ferrys restent imperturbables. Les tavernes servent des rouges épais, du vin blanc de Santorin. Il n’y a plus moyen de commander une bouteille de ce résiné qui procurait un mal de crâne si agréable, une migraine au goût de vacances. Les traditions se perdent. Les seins nus ne sont même plus à la mode. Au bord des piscines, des dames en deux-pièces lisent des biographies de personnages célèbres ou ce roman mettant en scène les diverses épouses de Hemingway. Les jours raccourcissent dans des parfums de jasmin.
Pendant ce temps, à Deauville, le cinéma américain était chez lui.
Les planches résonnaient d’un curieux accent nasal qui n’avait rien de normand. Au festival, un hommage fut rendu à Gonzague Saint Bris, qui s’est tué en voiture dans les parages, comme dans un roman français des années 60. Le jury a couronné un très bon film, The Rider. Cela mérite d’être signalé. Le prix littéraire est allé à Claire Vaye Watkins, dont le père a fréquenté la famille Manson. Par chance, Roman Polanski n’était pas invité. Il pleuvait à moitié. Deauville, quoi. Et pas la moindre Ford Mustang pour rouler sur la plage.
Cet été, les grandes marques ont lancé leur gamme de burkinis. Pendant les attentats, le commerce continue. Quand les constructeurs automobiles vont-ils proposer des voituresbéliers tout équipées ? L’explosion finale sera en option.
Les seins nus ne sont même plus à la mode