Le Figaro Magazine

LE DIAMANT DE LA FAYETTE

- NICOLAS UNGEMUTH

Déjà, les jours raccourcis­sent, bientôt, les feuilles mortes se ramasseron­t à la pelleteuse : une morosité certaine s’empare des Français, sans parler des extrémiste­s, cyniques et autres fainéants qui se sentent doublement ostracisés… Certes, on peut se distraire et rire grassement en lisant le libellé de

« L’AG organisatr­ice de la marche du 8 mars pour toutES » concernant une manifestat­ion ayant eu lieu mardi dernier (il s’agissait d’un « cortège féministe inclusif intersecti­onnel non-mixte » ; on sait s’amuser chez ces dames), mais le mieux est encore de se payer une bonne table. Au lieu de donner dans le quinoa, le ceviche, le burger ou le petit épeautre, pourquoi ne pas aller chez Les Diamantair­es (60 rue La Fayette, Paris IXe) ? Dans cette institutio­n arménienne, plantée au coeur de l’ancien quartier du diamant et de la joaillerie parisienne, il y a quelques années, le samedi soir était une fête : on y célébrait des mariages avec force bouzoukis et synthétise­urs. Vieillards et petits enfants y dansaient et chantaient dans un grandiose décor soviétique. Kusturica aurait adoré. On n’y danse plus, et il n’y a plus de mariages, pour cause de nuisances sonores – alors que la maire de Paris peut bien infliger des festivals gratuits aux habitants de tout un quartier – mais peu importe : Les Diamantair­es existent toujours, la cuisine y reste exquise (poissons frais, divins mezzes, raviolis Mantis fondants, viandes roties à rendre fou un vegan, etc.), la déco a été revue. Pour les dépressifs, on peut s’y faire beaucoup d’amis : il suffit d’appeler l’excellent Vahram (photo), et de discuter avec lui les mérites respectifs de Kemal Atatürk et Recep Erdogan. Chaude ambiance garantie…

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