Le Figaro Magazine

CETTE DAME NATURE QUI N’EST PAS TOUJOURS TENDRE

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En arrivant le 1eroctobre 1928 à Pointe-à-Pitre, où il apportait la solidarité de la métropole à une Guadeloupe ravagée par un ouragan, le sénateur Henry Bérenger déclara : « Si la nature immorale peut écraser l’homme, l’esprit de l’homme se redresse toujours contre la nature et la dompte pour reconstrui­re des civilisati­ons qu’elle n’a pas pu concevoir. » Quel dirigeant politique prononcera­it les mêmes mots après le passage de l’ouragan Irma aux Antilles ?

L’air du temps veut que la nature soit bonne par définition, nourricièr­e et vénérée. Le produit « naturel » doit chasser le produit

« industriel », « chimique », « pharmaceut­ique », forcément promu par des lobbies. Pourtant, même Jean-Luc Mélenchon reste sceptique : «… Admettons que la “nature”, écrit-il dans son blog,

impose ses “lois” sans aucune discussion… Faut-il dès lors admettre que les libres microbes envahissen­t nos organismes conforméme­nt à leurs objectifs de survie dans l’équilibre général de la biosphère ? »

Comment expliquer que la bonne nature fabrique aussi bien des microbes que des cyclones ? Notre société veut un coupable. Ce ne peut être que l’homme, responsabl­e du réchauffem­ent climatique, et son système de production qui pervertit tout : le capitalism­e.

Le capitalism­e et le réchauffem­ent sont-ils donc la cause des 74 ouragans recensés qui ont frappé les Antilles en deux siècles (XVIIe-XIXe) ? Des 52 autres entre 1886 et 1989, année où l’ouragan Hugo a dévasté la Guadeloupe le 16 septembre (« le cataclysme du siècle »), après Inez, le 27 septembre 1966 ? Il faut être Vert pour croire que la communauté internatio­nale va limiter la fréquence des ouragans grâce à la COP21 ! L’orgueil (ou la naïveté) des hommes est sans limites… En revanche, si l’on ne sait pas prévenir ces phénomènes, on peut s’en prémunir : par des réseaux d’informatio­n efficaces, des ouvrages collectifs protégés, des règles de constructi­on strictes, des plans de secours plus sûrs (y compris contre les pillages). C’est bien grâce aux progrès accomplis que là où l’ouragan faisait 1 200 morts en Guadeloupe en 1928, celui de 1966 n’en provoquait plus que 25 et 11 en 1989. Cette fois, la Guadeloupe a servi de base au secours des îles sinistrées. C’est le destin des hommes de reconstrui­re ce que la nature peut détruire.

L’air du temps veut que la nature soit bonne par définition, nourricièr­e et vénérée

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