Le Figaro Magazine

“LA MENTALITÉ DE CITÉ SE RÉPAND À L’ÉCOLE”

Professeur de philosophi­e à Rouen, AnneSophie Nogaret raconte le naufrage de l’Education nationale tel qu’elle l’a vécu de l’intérieur de l’institutio­n. Ravages du pédagogism­e, renoncemen­t à l’autorité : son bilan est sans concession.

- PROPOS RECUEILLIS PAR JUDITH WAINTRAUB

Le Figaro Magazine – Selon vous, quelles sont les causes du naufrage de l’Education nationale ? Anne-Sophie Nogaret – La succession des réformes pédagogiqu­es est lourdement responsabl­e. Prenez les grilles de correction qu’on demande aux profs de français d’appliquer en première : ils doivent vérifier que l’élève a bien mentionné le titre d’un ouvrage, ou qu’il a su repérer une métaphore.

On ne leur demande pas d’évaluer le degré de compréhens­ion du texte. D’ailleurs, les élèves n’appellent pas ça un texte, mais un « document ». Moi, je n’ai pas appliqué ces grilles et des parents m’en ont félicitée ! Mais ce n’est pas forcément le discours des fédération­s de parents d’élèves. Depuis des années, sous leur pression, on a accordé aux parents un poids complèteme­nt délirant. En avez-vous été victime ?

Souvent. J’ai par exemple été convoquée par ma direction parce que les parents d’une petite à laquelle j’avais mis un avis défavorabl­e n’étaient pas contents. Elle venait quand elle voulait, en raison de « problèmes médicaux ». Elle était très mi-

gnonne, elle s’était mis l’infirmière dans la poche, donc je n’avais accès à aucune explicatio­n sur ces mystérieux problèmes qui la faisaient venir à 10 heures presque chaque matin au lieu de 8 heures, ou manquer la classe à chaque fois qu’elle devait rendre un devoir. Elle utilisait toutes les failles du système ! J’ai dit à ma hiérarchie qu’elle était libre de changer mon appréciati­on mais que je ne le ferais pas moi-même.

Jean-Michel Blanquer parle d’une école de la « bienveilla­nce », un mot qui vous fait bondir. Pourquoi ?

Je ne sais pas ce qu’entend par là le nouveau ministre, mais la « bienveilla­nce », telle qu’on la prêche depuis des années à l’Education nationale, est l’antonyme de la sanction, comme si les deux étaient incompatib­les. C’est de l’idéologie pure et dure et ça n’aide pas les élèves. On m’a souvent demandé d’émettre des avis favorables pour le bac concernant des élèves qui n’avaient pas la moyenne, par « bienveilla­nce ». Comme si les examinateu­rs allaient être dupes !

L’école a-t-elle renoncé à la discipline ?

D’après mon expérience, oui. La sanction est maintenue sur le papier, elle donne même lieu à une inflation de procédures complexes, diluées dans le temps, ce qui lui ôte toute chance d’être efficace au cas où par extraordin­aire elle serait appliquée. Et les enfants, bien sûr, le comprennen­t très vite ! Quand un conseil de discipline finit par avoir lieu et décide d’une sanction, le rectorat peut la casser, alors qu’il y a eu un vote. Un collègue normand m’a raconté que deux élèves, exclus pour avoir bousculé un prof, ont été réintégrés parce que leurs copains étaient allés dire au recteur que le prof mentait.

Vous pointez aussi un

Comment se manifeste-t-il ?

L’institutio­n et les professeur­s ont la hantise de passer pour racistes, islamophob­es, etc. Je ne dis pas que tous les élèves descendant­s d’immigrés ou qui viennent des cités posent problème, évidemment, mais quand ces élèves-là sont en cause, la discipline est rarement appliquée et ce sont au final les enfants qui sont les victimes de cette démission. J’ai vu se répandre la « mentalité de cité », qui n’est rien d’autre qu’une forme de caïdat. La pratique de l’intimidati­on, voire la menace, est courante, comme le mépris affiché pour les femmes, l’homophobie et l’antisémiti­sme.

Vous dites comprendre que beaucoup d’élèves n’adhèrent pas au « Je suis Charlie » né après les attentats islamistes de 2015. Pourquoi ?

Je n’accepte pas le comporteme­nt de ces jeunes, mais je comprends qu’ils soient gavés de la bien-pensance qu’on leur inflige à longueur de temps. Pour faire court, en 2015, on a eu deux formes d’imbécillit­é face à face. L’élève complotist­e de base, tous milieux sociaux confondus, qui passe sa vie sur internet, pas forcément méchant, juste ignare, et le prof structurel­lement de gauche, bloqué dans le catéchisme du politiquem­ent correct. En général, c’est un écologiste farouche ! J’ai vu des profs entrer comme des furieux dans ma salle de classe pour engueuler un élève qui avait jeté un papier une heure avant. Curieuseme­nt, ils sont moins allants contre l’homophobie, l’homosexual­ité n’étant pas très bien vue dans certains milieux ! Pour Charlie, beaucoup ont renoncé à parler à leurs élèves.

L’enseigneme­nt de la laïcité peut-il être un antidote à l’islamisme ?

De quoi parle-t-on ? Je connais de nombreux profs toujours contents de faire moins d’heures de cours et qui proposent des ateliers type « laïcité et citoyennet­é ». En ZEP, ça plaît, mais je ne suis pas sûre que le résultat soit à la hauteur. C’est encore du catéchisme ! Le seul antidote, c’est la connaissan­ce, historique, littéraire, bref, tout ce qui manque à tant d’élèves.

Le système des « devoirs faits » instauré par Jean-Michel Blanquer peut-il permettre aux élèves qui en ont besoin de rattraper leur retard ?

Sur le papier c’est une bonne idée, à condition que l’encadremen­t soit compétent. J’ai vu des petits caïds des cités, envoyés par la mission locale qui essayait de les réinsérer, faire du soutien scolaire en maternelle et en primaire. C’est très bien pour apprendre aux gamins des morceaux de rap, mais pour le reste…

Vous semblez très pessimiste. L’Education nationale est-elle vouée à sombrer ?

Il n’y aura pas d’issue tant qu’on ne renoncera pas d’abord à l’idée que tout le monde est fait pour l’enseigneme­nt général et qu’on ne réhabilite­ra pas l’enseigneme­nt profession­nel et technique. J’ai eu régulièrem­ent des élèves qui végétaient en terminale parce que des profs les avaient découragés d’aller dans le technique en fin de troisième, alors qu’ils étaient demandeurs.

Avez-vous l’intention de continuer l’enseigneme­nt ?

J’aime enseigner ! On peut avoir des relations extraordin­aires avec des classes ou des élèves, et d’autres désastreus­es, mais c’est la minorité. C’est un métier que j’adore, mais dans les conditions actuelles, il faut avoir une mentalité de combattant­e. Aujourd’hui, je rencontre beaucoup de jeunes, en général femmes, qui disent vouloir enseigner mais qui se voient en fait animatrice­s, assistante­s sociales ou psychologu­es. Elles ne rêvent que de « dialoguer » avec les élèves. Les critères de recrutemen­t doivent absolument changer, comme les méthodes d’enseigneme­nt et les programmes. Le respect de la discipline doit être restauré. Tout est imbriqué. Ça prendra du temps et on ne pourra pas tout faire en même temps. Il faudra hiérarchis­er les priorités et ça, Jean-Michel Blanquer,qui connaît la machine, semble l’avoir bien compris.

■ Du mammouth au Titanic, d’Anne-Sophie Nogaret, L’Artilleur, 323 p., 18 €.

→ mélanger du vin et du vinaigre ? »

Le ministre refuse également d’étaler à l’infini cet apprentiss­age. Selon lui, « il y a une fausse bienveilla­nce à vouloir diluer dans le temps l’acquisitio­n des savoirs ». D’où les évaluation­s qu’il a instituées dès cette année scolaire en CP (cours préparatoi­re) et en sixième. Ah, l’évaluation ! C’est le mot qui fâche. Pour Stéphane Crochet, secrétaire général du SE- Unsa, ce serait un « facteur de stress ». « Si l’évaluation ne se traduit pas par un surcroît de travail pour les enseignant­s, pourquoi pas ?

nuance Frédérique Rolet, secrétaire générale adjointe du SNES, à condition que ça ne donne pas lieu à une comparaiso­n entre les établissem­ents qui seraient “bons” et les autres, et que ça ne stigmatise pas les élèves. »

Jean-Michel Blanquer, lui, estime qu’il y a urgence à arrêter la dégringola­de : dans le dernier classement Pisa (Programme internatio­nal pour le suivi des acquis des élèves), établi en 2016, la France était au 19e rang des pays de l’OCDE pour la lecture et au 26e rang pour les maths et pour les sciences. L’enquête Timss (Trends in Internatio­nal Mathematic­s and Science Study) réalisée en 2015 montre même que les petits Français en CM1 sont derniers de toute l’Europe en mathématiq­ues. La faute aux maths modernes, bête noire du ministre qui se rappelle, enfant, avoir vécu leur avènement « comme un skieur voit l’avalanche arriver dans son dos » ? Les syndicats enseignant­s contestent. A les entendre, les maths modernes, comme la méthode globale, c’est à peine si ça a existé…

Dans le primaire comme dans le secondaire, que le ministre veut réformer dans un deuxième temps, Il n’y aura donc pas de « loi Blanquer », pas de réforme pédagogiqu­e en tant que telle, et pas de manuel « officiel ». Jean-Michel Blanquer s’y refuse, misant tout sur la formation des enseignant­s et sur l’évaluation. Il veut laisser une plus grande autonomie aux acteurs de l’éducation et souhaite que les chefs d’établissem­ent puissent,

« à terme », choisir leur équipe pédagogiqu­e. Comme dans le privé, son modèle à bien des égards (lire p. 56).

L’autonomie a longtemps été combattue par les syndicats enseignant­s, au nom de leurs principes égalitaris­tes. Mais selon Philippe Tournier, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, le syndicat des personnels de direction de l’Education nationale,

« les profs commencent à se rendre compte que c’est l’Etat central qui constitue une menace et que l’autonomie est protectric­e ». Proviseur de Victor-Duruy, dans le VIIe, depuis 2012, il a eu l’occasion de vérifier avec la réforme des collèges de Najat VallaudBel­kacem que le blocage « culturel » persistait davantage Rue de Grenelle que dans les mentalités enseignant­es. « La réforme laissait les chefs d’établissem­ent disposer librement d’un contingent d’heures de classe, mais dès que le décret est passé, le ministère a sorti une circulaire d’une dizaine de pages pour nous dire ce qu’on devait faire de ce temps », raconte-t-il, en précisant : « La nouveauté, c’est que les chefs d’établissem­ent n’en ont tenu aucun compte. » Et qu’a fait le ministère ? Il n’a pas réagi. « A l’Education nationale, vous avez une flopée de prescripti­ons mais personne ne contrôle rien, déplore Philippe Tournier. Si les profs ne sont pas en grève et que les élèves ne sont pas dans la rue, c’est “pas de nouvelle, bonne nouvelle !” »

Sicetteind­ifférencec­ompense,aumoinspar­tiellement,ledogmatis­me de l’institutio­n académique en matière de pédagogie, elle a des conséquenc­es dévastatri­ces sur la bonne marche des établissem­ents. En termes d’organisati­on aussi, tout est à revoir ! Cette année, la rentrée scolaire s’est faite en musique pour les élèves, conforméme­nt au voeu de Jean-Michel Blanquer,maisaussie­nfanfarepo­urcertains­deleurspro­fsetdeleur­s proviseurs, qui ont publié des livres de témoignage plus accablants les uns que les autres sur le délabremen­t de l’école. Anne-Sophie Nogaret, professeur de philosophi­e, raconte dans Du mammouth au Titanic la guérilla incessante qu’elle a dû mener pour tenter, simplement, d’exercer son métier. →

BLANQUER MISE TOUT SUR LA FORMATION DES ENSEIGNANT­S

→ Elle revient pour Le Figaro Magazine sur la démission progressiv­e de l’institutio­n face à la « mentalité des cités » (lire encadré pp. 48 et 49). Isabelle Dignocourt (1), professeur de latin et autrefois de grec, et qui a vu passer treize ministres Rue de Grenelle, analyse comment l’Education nationale est devenue une « machine à broyer ». Jean-Noël Robert (2), désormais retraité de l’Education nationale, raconte dans Témoin de la déséducati­on nationale, entre autres scènes saisissant­es, la visite guidée très particuliè­re qu’il a organisée pour des parents d’élèves du grand lycée de Corbeil-Essonnes, juste en face de la cité des Tarterêts. Il a profité de la « demi-journée banalisée » pour leur montrer le bâtiment dans lequel leurs enfants pouvaient se procurer des drogues dures, des drogues douces, l’étage où trouver des préservati­fs, celui où les utiliser… On imagine que les parents ont dû sortir de la visite passableme­nt traumatisé­s. Mais la contributi­on parentale au fonctionne­ment du système éducatif ne va pas toujours dans le sens de l’intérêt de l’enfant, pour utiliser un euphémisme. Patrice Romain (3), qui a tiré des best-sellers de ses quarante ans de carrière dans l’Education nationale, vient de publier une édifiante compilatio­n des es réponses à des lettres de parents dans Quand un proviseur se lâche ! Une mère se plaint de la punition infligée à son rejeton, qui a insulté un professeur ? « Nous aurions dû faire preuve de bienveilla­nce plutôt que de sévir bêtement, lui écrit-il. “Fils de pute”, c’est plutôt gentil, non ? “Bâtard”, presque amical ? » Il ne dit pas si la destinatai­re a apprécié le second degré. Quand le respect des règles est une notion inconnue à la maison, l’école peut d’autant moins y remédier qu’elle a été systématiq­uement désarmée. « Sanctionne­r un élève est quasiment impossible, même pour des vétilles, affirme Philippe Tournier. Quand un élève perturbe la classe avec son portable, par exemple, vous ne pouvez pas agir si vous appliquez les textes réglementa­ires : il faut recevoir les parents et l’enfant, puis leur notifier qu’on va le sanctionne­r, puis attendre trois jours ouvrables pour envoyer une sanction, le troisième jour exactement… C’est un tel pataquès qu’on renonce. » « Tout a été judiciaris­é de façon outrancièr­e, et par l’institutio­n elle-même, explique-t-il. Après, il ne faut pas se plaindre qu’il n’y ait pas d’autorité ! » Selon lui, « ces nuisances de faible intensité sont bien plus répandues que les violences ou les dérives fondamenta­listes ».

Marginales, les dérives fondamenta­listes ? Ce n’est pas l’avis de Bernard Ravet (4), auteur de Principal de collège ou imam de la République. Ce retraité – depuis 2013 – de l’Education nationale a vu grandir l’emprise islamiste sur les établissem­ents marseillai­s qu’il a dirigés et dénonce l’impuissanc­e publique, voire le déni, face au phénomène. Il relate ses mésaventur­es avec un surveillan­t « très efficace » dont il découvre qu’il distribue un livret « qui promeut la charia et détaille les crimes des “mécréants” ». Le rectorat, auquel il transmet des informatio­ns détaillées sur le livret, publié en Arabie saoudite et interdit en France, lui répond : « Ce monsieur a signé un contrat pour six ans, on ne peut rien faire. » Les RG (renseignem­ents généraux), que le principal contacte, surveillen­t l’individu depuis six mois, mais rien n’est fait pour l’empêcher de nuire. « Méfiant, le surveillan­t a fini par partir de lui-même », explique Bernard Ravet.

Dès 2002, Les Territoire­s perdus de la République – ouvrage collectif sous la direction de Georges Bensoussan (5) – avaient sonné l’alerte, en vain. En 2004, un rapport d’un inspecteur général de l’Education nationale, Jean-Pierre Obin, recensait les multiples atteintes à la laïcité constatées sur le terrain. Comprenant enfin que cette bataille culturelle était décisive, mais ne sachant comment la mener sans être accusés de « stigmatise­r » l’islam, les parlementa­ires votèrent la loi d’« interdicti­on du port de signes religieux ostentatoi­res » à l’école.

La victoire fut de courte durée. Dans Témoin de la déséducati­on nationale, qui vient de sortir, Jean-Noël Robert cite le cas →

LES ENSEIGNANT­S SE SENTENT SEULS FACE AUX DÉRIVES ISLAMISTES

→ d’un collège près de Toulon dont le principal « a dû lutter contre le représenta­nt des parents d’élèves, un musulman qui, au vu de la fréquentat­ion de l’établissem­ent, réclamait l’instaurati­on de pratiques islamiques ». D’après l’auteur, 25 élèves seulement sur environ 500 n’y font pas le ramadan. « Nous sommes seuls,

accuse Bernard Ravet. Seuls à encaisser l’irruption du religieux dans la sphère publique […] Seuls à devoir bidouiller des réponses au quotidien. »

Jean-Michel Blanquer se réfère volontiers à la loi de 2004, qu’il juge « très bonne ». Quand il invoque la devise républicai­ne, il rajoute«laïcité»après«liberté,égalité,fraternité».Ilademandé aux chefs d’établissem­ent, qu’il a rencontrés avant la rentrée, de lui « faire remonter les problèmes », en leur promettant qu’ils pourraient compter sur le soutien de leur hiérarchie. Son credo : « La République est forte, il faut la faire respecter ! »

Y parviendra-t-il ? Paradoxale­ment, sur ce sujet comme sur d’autres, l’évidence du délabremen­t de l’Education nationale devrait l’y aider. Les syndicats enseignant­s ne peuvent plus prétendre que les maux de l’école sont imaginaire­s. Jean-Pierre Chevènemen­t, qui marqua son passage Rue de Grenelle, de 1984 à 1986, en promouvant l’« élitisme républicai­n » contre l’égalitaris­me, tient son lointain successeur, dont il a lu les livres, en haute estime. « Jean-Michel Blanquer peut être le Jules Ferry ou le Paul Bert du XXIe siècle, assure-t-il, en énumérant ses atouts : Il a les idées claires, des chances raisonnabl­es de durer dans son ministère, c’est un très bon connaisseu­r du système éducatif et il bénéficie du soutien d’un président de la République qui s’intéresse à l’Education. »

« Brigitte Macron doit y être pour quelque chose, ajoute Jean-Pierre Chevènemen­t,

car elle avait la réputation d’être un professeur de qualité. » Bien vu, même si officielle­ment, l’épouse du Président n’a eu qu’un vrai contact avec le ministre de l’Education, lors d’un déjeuner en tête à tête, avant l’été. Mais elle a joué un rôle dans sa nomination : « Elle avait lu les ouvrages de Jean-Michel Blanquer, elle en a parlé à Emmanuel Macron, qui a déjeuné avec lui pendant la campagne, au moment des vacances de Noël », raconte un membre de l’entourage du ministre. Le père d’un garçon que Brigitte Macron a eu comme élève quand elle enseignait à « Franklin », du nom de la rue du XVIe arrondisse­ment où se trouve le lycée privé jésuite SaintLouis-de-Gonzague, voit très bien « quelles peuvent être les convergenc­es » entre le ministre et l’ancienne prof de son fils. Il en fait une descriptio­n enthousias­te : « Elle est aux antipodes de la gauche bien-pensante et égalitaris­te, elle tirait les enfants vers le haut en exigeant d’eux beaucoup d’efforts et de travail. Elle tenait aussi énormément à leur donner l’esprit de synthèse : par exemple, elle demandait à un enfant de résumer le cours, après l’avoir prévenu au début de l’heure qu’elle le ferait. »

Certains des élèves de Brigitte Macron-Hauzy, comme elle s’appelait encore à l’époque, ont eu la chance qu’elle les emmène à Bercy, quand son mari était ministre de l’Economie, pour assister à un échange entre lui et Fabrice Luchini sur la littératur­e. Les enfants en gardent évidemment un souvenir ébloui. « Je me rappelle que Brigitte Macron nous avait dit “vos enfants sont à Franklin, ce serait impardonna­ble qu’ils n’aient pas lu les grands classiques” », raconte aussi le père de son ancien élève.

Des propos que ne désavouera­it certaineme­nt pas le ministre qui a offert Les Fables de La Fontaine à tous les élèves de France…

« On ne transmet bien que ce à quoi on croit », disait Hannah Arendt. Ne reste plus à Jean-Michel Blanquer qu’à redonner la foi au corps enseignant. ■ JUDITH WAINTRAUB

(1) L’Education nationale, une machine à broyer, Editions du Rocher.

(2) Témoin de la déséducati­on nationale, Les Belles Lettres.

(3) Quand un proviseur se lâche !, Editions du Cherche-Midi.

(4) Principal de collège ou imam de la République ?, Kero.

(5) Les Territoire­s perdus de la République, Mille et une nuits.

CHEVÈNEMEN­T COMPARE DÉJÀ BLANQUER À JULES FERRY

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Ikrame retire son voile avant d’entrer au lycée Paul-Gauguin d’Orléans, où elle est scolarisée, mais affirme être victime de « harcèlemen­t » à cause de sa jupe longue.
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La méthode syllabique, autrement dit le b. a.-ba, c’est celle qu’utilise ce garçon de 6 ans pour apprendre à lire. Jean-Michel Blanquer est un adversaire farouche de la méthode dite « mixte », globale au démarrage puis syllabique.
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Ex-professeur de lettres classiques à « Franklin », le prestigieu­x lycée privé jésuite parisien, Brigitte Macron n’est pas pour rien dans la nomination de Jean-Michel Blanquer.

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