Le Figaro Magazine

GRANDES HEURES DU THÉÂTRE

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Pour la télévision, il n’y a plus d’écrivains, mais des auteurs. Ils sont priés d’écrire sur mesure pour le public, en suivant la Bible imposée par producteur­s et diffuseurs : une blague toutes les trente secondes, un rebondisse­ment avant la pub. En des temps très anciens, la parole des écrivains était respectée. On diffusait leurs oeuvres à une heure de grande écoute. La chaîne Histoire en propose quatre ce mois-ci. Après Cyrano de Bergerac et Hernani, voici Le Cardinal d’Espagne, un des chefs-d’oeuvre de Montherlan­t. 1517. Pendant la régence de Jeanne la Folle (Louise Conte, dans une scène d’anthologie), le cardinal Cisneros (par le créateur du rôle, Henri Rollan) gouverne l’Espagne d’une main de fer, en attendant le jeune Charles Quint, qui s’approche de Madrid. Sentant la menace, Cisneros, que tout le monde hait, se confie à son neveu, le capitaine Cardona (André Falcon). On ne peut qu’être attentif à ce grand texte, dont on ne perd pas une phrase, admirablem­ent servi par des comédiens de tout premier plan.

Pourquoi ne demande-t-on pas aux grands acteurs d’aujourd’hui de jouer pour la télévision les classiques du théâtre ? On rêve de voir Michel Bouquet, Isabelle Adjani et Pierre Arditi dans les mêmes rôles pour Le Cardinal d’Espagne, pièce très neuve, comme tous les chefs-d’oeuvre. Mais c’est un rêve. Car si la télévision ne sert plus les écrivains, elle ne donne pas non plus de grands rôles aux comédiens. Les dirigeants actuels manquent de talent. Dieu merci, il y a les archives. Le Cardinal d’Espagne, d’Henry de Montherlan­t, Histoire, jeudi 21 septembre à 20 h 40. Le jeudi suivant, Ruy Blas, de Victor Hugo, avec Jean-François Poron, Anne Doat, Jean Piat, Jean Topart, Françoise Rosay, Roger Carel (excusez du peu).

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