POCKEMON CREW OU LE HIP-HOP INTELLIGENT

Encore une belle histoire dont la danse est si souvent porteuse. Celle du Pockemon Crew, un groupe de jeunes danseurs de hip-hop passionnés qui s’entraînaient sur le parvis de l’Opéra de Lyon (un usage auquel l’architecte Jean Nouvel n’avait sûrement pas pensé !) et qui, d’entraînements en concours, sont devenus les champions du monde de la discipline. On les retrouve à Bobino cet automne avec leur spectacle #Hashtag, qui est sans conteste l’un des plus vivifiants de cette rentrée. Un cocktail de prouesses physiques, d’énergie et de bonne humeur. Partout où ils passent, ils attirent un public nombreux et attentif, comme cet été aux F (ê) aites de la danse à Monte-Carlo.

Avec humour, lucidité et distance, ils posent ici le problème de l’omniprésence dans nos vies des réseaux sociaux, de notre hyperconnexion, des selfies et autres balivernes qui ont envahi notre quotidien. Leur chorégraphe Riyad Fghani en est persuadé : c’est en contournant le sujet que l’on aidera les gens à se rendre compte de l’inadéquation de nos comportements numériques. « Si tu tagues pas, tu n’existes pas », résume-t-il, non pas en référence aux graffitis, mais à nos interactions sur les réseaux sociaux.

Emballé par cette bande peu académique, Yorgos Loukos, le directeur du Ballet de Lyon leur a offert une résidence, et le monde de la danse les a accueillis à bras ouverts : ouverture de la Biennale de la danse de Lyon en 2006, inauguration du stade des Lumières de l’Olympique lyonnais en 2016. Voilà qui en dit plus encore que l’incroyable palmarès de battles que la troupe a remportées depuis 2002. Avec enfin à son actif un répertoire chorégraphique de plusieurs pièces qui, bien que toutes différentes, ont emporté l’adhésion d’un public enthousiaste, à chaque fois heureux d’avoir passé un si bon moment. Preuve que dans la danse, quel que soit le langage utilisé, l’excellence du geste est le meilleur atout pour soutenir un propos et une émotion.

Bobino (Paris XIVe), 19 h, jusqu’au 7 octobre.