Le Figaro Magazine

HERCULE JAENADA MÈNE L’ENQUÊTE

- MARIE ROGATIEN

LA SERPE, de Philippe Jaenada, Julliard, 648 p., 22 €.

Château d’Escoire (Périgord), 24 octobre 1941. Le notable Georges Girard, sa soeur Amélie, vieille fille de 44 ans, et Louise, leur domestique, sont retrouvés baignant dans leur sang, massacrés à grands coups de serpe. Henri, l’héritier, est le coupable idéal : mal marié, arrogant, oisif, voleur, menteur, colérique, cavaleur et cynique – il fume une clope en sirotant une prune après la découverte des cadavres, puis joue au piano la Marche funèbre de Chopin. Pire : il a lui-même emprunté une serpe à des voisins la veille du meurtre. Aucun doute : Henri a zigouillé sa famille pour toucher le magot ! Contre toute attente, Maurice Garçon, ténor du barreau de l’époque, le fait acquitter. Libre, Henri dilapide l’héritage, s’exile au Venezuela et publie, à son retour, Le Salaire de la peur sous le nom de Georges Arnaud. Mais il reste, pour l’opinion publique, jusqu’à la fin de sa vie pourtant exemplaire, l’auteur de la tuerie d’Escoire. La Petite Femelle, Sulak : les causes désespérée­s sont le dada de Philippe Jaenada. Chevalier blanc à bord d’une Opel Meriva de location capricieus­e, sac matelot à l’épaule, il a sillonné la région d’Escoire et épluché les archives, la correspond­ance des victimes et les déposition­s des témoins pour chercher la petite bête permettant de réhabilite­r définitive­ment Henri Girard. Essai (littéraire) brillammen­t transformé : avec un humour désopilant, « Hercule Jaenada » narre son épique enquête en 648 pages aussi haletantes que convaincan­tes.

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