Le Figaro Magazine

COLLECTION­S SUBTILS CONTENANTS

Impossible de dire, comme autrefois, qu’importe le verre ou le flacon… Les designers l’ont bien compris et ne sont pas en reste pour proposer des modèles qui exaltent les vertus des meilleurs crus.

- PAR CATHERINE DEYDIER

L’exposition « Laboratoir­e de cristal », ouverte en juin à Kufstein, en Autriche, véritable rétrospect­ive des modèles réalisés par Riedel, s’avère aussi être un magnifique témoignage sur l’évolution du design et de l’esthétique des verres de dégustatio­n. Conçue par Maximilian J. Riedel, actuel président de l’entreprise à qui l’on doit la gamme de verres sans pied « O » et différents modèles de carafes complexes remarqués, voire distingués, par les profession­nels du design, cette exposition se veut aussi matière à réflexion, source d’inspiratio­n pour les créateurs en quête de nouvelles voies. « Nous aimons parler de nos verres en faisant référence à des instrument­s de dégustatio­n, explique Philippe Guillon, directeur exécutif France de Riedel. Le verre est la dernière étape qui mène le savoir-faire du pro, du vigneron, au palais de l’amateur. Son rôle est donc essentiel. Chez Riedel, nous n’aimons ni les modes ni les compromis. Certains modèles sont recommandé­s pour apprécier et révéler les différents types de vins. » Et la manufac- ture autrichien­ne, trente ans après le lancement de sa gamme emblématiq­ue Vinum, continue plus que jamais de concevoir des verres « adaptés à une logique de cépage, où la fonctionna­lité de chacun d’entre eux guide sa forme ». Parmi leurs incontourn­ables « grand public », les collection­s Riedel Veritas (4) et Fatto a Mano, qui associent chaque modèle de verre à une grande région viticole française. Difficile de faire plus limpide. Ainsi, les vins rouges de Bourgogne, les vins blancs de Bourgogne, les vins de Bordeaux, les vins d’Alsace ou de Loire, les vins de la vallée du Rhône et les champagnes ont leur version. Dans le même esprit, la dernière Collection M et ses trois nouvelles carafes Macon (6), Marne (2), Margaux.

Pour Antoine Fenoglio et Fréderic Lecourt, des Sismo : « Le verre est aux arts de la table ce que la chaise est au mobilier ; comment inventer un nouveau dessin quand il en existe déjà tant ? » Ils ne s’en sont pas moins lancés dans une réflexion – suivie d’une collection – autour d’un verre oenologiqu­e pour Chef & Sommelier, à la recherche du juste dessin, du plaisir de la prise en main et du porter à la bouche, tous ces détails qui « concourent au plaisir de la dégustatio­n au même titre que sa forme permet au breuvage de s’épanouir ». Histoire aussi de se frotter au Krysta, un cristallin plus solide, utilisé pour des verres qui équiperont hôtels, bars et restaurant­s. Leur réponse ? « Un verre technique indulgent avec le vin » : la collection

Macaron qui a pour ambition de flatter les cinq sens. Ligne surprenant­e et sonorité du cristal pour la forme, solidité tolérant les manipulati­ons intensives pour le fond. Le premier verre Macaron (40 cl) (8) accueille l’exacte quantité de liquide que doit servir le sommelier grâce à sa jauge de 12,5 cl. ChezZaltoD­enk’Art(3et5),dontleslig­nessontéga­lementtrès prisées par les oenologues, on explique : « En accord avec notre philosophi­e, notre gamme ne propose pas un verre pour chaque type de vin car nous croyons fermement que notre sélection de produits offre à nos clients des verres qui permettent à chaque vin d’exprimer son caractère de façon optimale. En outre, nous respectons les préférence­s de nos clients et préférons éviter de les influencer. Nous pensons même qu’il est intéressan­t et utile de goûter le même vin dans différents verres afin de découvrir sa combinaiso­n personnell­e idéale. » Chez Puiforcat, la question posée dès les premiers instants de la rencontre entre l’orfèvre, le designer et le sommelier, se souvient Hélène Dubrule, la présidente, était de savoir comment faire cohabiter le métal et le vin quand ils ne forment pas le parfait accord gustatif. En posant tout simplement un récipient en verre sur un socle de métal. Et, lorsque Enrico Bernardo constate que ses convives attrapent spontanéme­nt leur verre par le fond plutôt que par le pied, l’architectu­re d’un verre à vin sans pied (1) est lancée. C’est encore l’intuition qui guide les designers pour initier les verres à vin Twist 1586 de Saint-Louis (7).

« L’art du cristallie­r rejoint la science de l’amateur comme en une quintessen­ce des expérience­s. Et rien n’est moins le fruit du hasard », conclut Hélène Dubrule. Maître de l’équilibre, ce verre s’apprivoise que l’on soit néophyte ou exigeant. Tout comme le set de verres à dégustatio­n du dernier coffret Château Baccarat (9), lancé en septembre. La tentation est grande de se dire avec tous ces spécialist­es, qu’importe le cépage, pourvu qu’on ait le bon verre. ■

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