L’éditorial de Guillaume Roquette
Il n’y a pas cinquante façons de faire repartir l’économie française. Le diagnostic est établi depuis belle lurette : elle a simplement besoin de plus de liberté et de moins de dépense publique. C’est donc d’abord sur ces deux sujets qu’on attendait Emmanuel Macron, et qu’il sera jugé. Patrons déprimés par les prélèvements obligatoires, investisseurs hésitant à s’implanter en France, responsables européens lassés des promesses non tenues, créanciers qui financent nos fins de mois… tous attendent des actes concrets. Du côté des contraintes, la nouvelle équipe a indéniablement commencé le travail : la réforme du code du travail est certes timide mais va néanmoins dans le bon sens. Mais qu’en est-il de la dépense publique ? Le sujet est vital, parce que l’économie française est proprement anémiée par des administrations et un système social qui ponctionnent chaque année la moitié de la richesse créée par le pays (46 % de prélèvements obligatoires et 56,4 % de dépenses publiques, un record du monde !). Or, de ce côté-là, Emmanuel Macron et son gouvernement montrent d’inquiétants signes de faiblesse dans leur volonté de changer vraiment les choses, comme tant de ses prédécesseurs avant lui.
Tout avait pourtant bien commencé. Le nouveau président s’était engagé durant sa campagne à réduire de 120 000 le nombre de fonctionnaires au cours de son quinquennat. Et le Premier ministre, après un rapport effrayant de la Cour des comptes sur l’état de nos finances, nous a promis 20 milliards de baisse des dépenses l’année prochaine. Or, pour l’instant, on ne voit pas trop d’où vont venir ces économies. Alors que théoriquement seule la défense devait voir son budget augmenter l’année prochaine, les principaux ministres du gouvernement défilent l’un après l’autre dans les médias pour expliquer fièrement qu’ils ont obtenu des rallonges. Au dernières nouvelles, l’ éducation nationale, l’ écologie, l’ enseignement supérieur, l’intérieur et la justice verront leur budget augmenter l’année prochaine, tandis que les collectivités locales sont assurées de conserver leurs dotations.
Et, du côté des effectifs, ce n’est pas très brillant non plus : le nombre de fonctionnaires d’Etat devrait encore augmenter de 13 800 l’année prochaine. Il va falloir nous expliquer comment on arrive à baisser le nombre d’agents publics en commençant par en recruter de nouveaux…
Ce laisser-aller budgétaire est d’autant plus pernicieux qu’il n’est pas incompatible avec le respect de nos engagements en matière de déficit public. En effet, la croissance revenant timidement, les rentrées fiscales s’avèrent meilleures que prévu et incitent le gouvernement à remettre à plus tard les efforts nécessaires. Mais c’est une grave erreur : la France est incapable de réduire son train de vie en temps de crise, préférant au contraire augmenter à chaque fois la dépense publique pour essayer de faire repartir la machine. C’est donc quand ça va (un peu) mieux qu’il faut porter l’effort. Et tant pis si cela fait descendre quelques fonctionnaires dans la rue.
MACRON MONTRE DES SIGNES DE FAIBLESSE DANS SA VOLONTÉ DE CHANGER VRAIMENT LES CHOSES