IRMA A AUSSI DÉTRUIT LA BUREAUCRATIE SUR SON PASSAGE
Faut-il les ravages de la nature pour arrêter ceux de la bureaucratie ? Ce qu’aucun ministre chargé de la Simplification administrative n’a pu obtenir malgré la meilleure volonté du monde, les cyclones ne l’ont-ils pas fait en chassant avec eux des tonnes de papiers qui ne servaient à rien ? Triste démonstration !
Il y a vingt-huit ans, le 9 octobre 1989, François Mitterrand, président de la République, faisait escale à Pointe-à-Pitre, trois semaines après que le cyclone Hugo eut labouré la Guadeloupe. Les dégâts étaient aussi désastreux que ceux constatés à SaintBarthélemy et Saint-Martin après Irma. Il fallait tout reconstruire. « Je veux, dit Mitterrand, que ce qui était prévu pour plusieurs mois soit réduit de plus de moitié. Ce sera un bon banc d’essai pour se débarrasser de procédures inutiles – qui répondent au souci que l’on a en France d’écrire noir sur blanc tout ce qui relève du simple bon sens. » Donc, ajouta-t-il, on va « accélérer les procédures, bousculer des usages qui finissent par être déplorables ». L’a-t-on fait aussi vite, aussi bien que ce qu’il réclamait ? La Guadeloupe s’est battue, elle s’est relevée. Ailleurs, les mauvaises habitudes ont perduré.
Et qu’a dit Emmanuel Macron en posant le pied aux Antilles la semaine dernière ? Que pour reconstruire, il fallait « accélérer », « faire vite, faire bien, faire mieux » – « je bousculerai toutes les normes et procédures »… Les mêmes mots que Mitterrand ! Il a même répété : « simplifier, simplifier, simplifier ». Faut-il donc l’urgence provoquée par un cyclone, des milliers de sinistrés sans abri, des écoles rasées, des récoltes anéanties, pour que l’administration cesse de tout embouteiller ?
Cela ne vaut pas qu’aux Antilles. L’urgence est partout. Quand on veut attirer les investissements et la création d’emplois, que fait-on ? On crée des « zones franches », pour s’affranchir de taxes, de normes et de procédures inutiles (naturellement, pas de celles que dictent la sécurité, le cadre de vie et le bon sens). Eh bien, par exemple, s’il veut vraiment accélérer les mises en chantier de logements, que l’Etat « bouscule » les normes Duflot ! En 1928, un cyclone dévasta les plantations de café de la Guadeloupe ; on introduisit la banane, plus facile à planter, plus rapide à pousser. Aujourd’hui, ce département en exporte 70 000 tonnes.
Macron utilise le même mot que Mitterrand : « Simplifier ! »