DES TAUX TOUJOURS BAS
La hausse des taux que certains redoutaient n’est pas là : il est encore possible d’emprunter autour de 1,5 % sur 15 ans. Mais certaines banques deviennent un peu plus sélectives.
Comme tous les ans, la rentrée sourit aux emprunteurs. Après un été placé sous le signe de la stabilité, plusieurs banques ont, pour la première fois depuis le début de l’année, légèrement baissé le taux des crédits immobiliers. « Près de la moitié des établissements ont réduit leurs taux de 0,05 % à 0,15 %, les autres les ont laissés inchangés », constate Maël Bernier chez Meilleurtaux. En ce moment, les prêts se négocient à 1,54 % en moyenne sur 15 ans (hors assurances) et à 1,74 % sur 20 ans, note le courtier. Des niveaux, attractifs et proches de ceux de septembre 2016, liés au taux de l’OAT à 10 ans, qui sert de référence aux emprunts à taux fixe et qui se maintient depuis plusieurs mois à des niveaux très bas.
Cette légère décrue tranche avec la tendance haussière observée depuis la fin de l’année dernière. « Les taux ont doucement augmenté de 0,4 % en moyenne depuis novembre 2016 », relève Sandrine Allonier, responsable des relationsbanquechez Vousfinancer. Concrètement, avec 1 000 € de mensualité, il est possible d’emprunter aujourd’hui 203 300 € sur 20 ans, contre 209 200 € en novembre 2016, lorsque les taux étaient au plus bas, et 206 000 € en janvier, selon Vousfinancer. Les particuliers, qui anticipaient un durcissement des conditions d’emprunt, ont été très nombreux à concrétiser leurs projets immobiliers au premier semestre, ce qui a fait grimper les prix de la pierre. Pour aider les emprunteurs à faire face au renchérissement des conditions d’emprunt, les prêteurs ont allongé les durées des prêts. Plus de la moitié d’entre eux (58,5 %) ont désormais une durée de vie supérieure à 20 ans, note l’Observatoire crédit logement. Les Français s’endettent sur 18 ans en moyenne. Certains établissements prêtent aussi des montants plus élevés. C’est notamment valable pour les plus jeunes, dotés d’un CDI et d’un apport personnel et devenant propriétaires pour la première fois. « Plusieurs banques régionales leur proposent en ce moment des prêts à taux zéro “maison” sans conditions de ressources ou des crédits à 1 %. C’est le cas en ce moment en Ilede-France, à Lyon, en Bretagne et dans le Sud-Ouest », explique Maël Bernier.
Les établissements qui ont
Les Français s’endettent en moyenne sur 18 ans
d’ores et déjà atteint, voire dépassé, leurs objectifs annuels en matière de crédit (grâce à un début d’année très dynamique, 2017 s’annonce comme une année record), sont cependant un peu plus sélectifs. « Face à une érosion de leurs marges liée notamment aux très nombreuses renégociationsdecréditaccordées l’an dernier, certaines banques commencent à choisir les emprunteurs sur un critère de rentabilité en privilégiant ceux ayant un profil haut de gamme », explique Sandrine Allonier. Les écarts de taux entre clients peuvent d’ailleurs atteindre 1 % pour une même durée chez certains prêteurs. « Les banques commencent déjà à intégrer deux futures réformes qui entreront en vigueur le 1er janvier 2018 : la règle de domiciliation des salaires et la possibilité de changer d’assurance-emprunteur », avance Vousfinancer.
Les taux des crédits immobiliers devraient recommencer à monter. « Ils vont reprendre un rythme de hausse lent, plus marqué au premier semestre 2018 »,
prévoit Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. « La Banque centrale européenne devrait à terme mettre fin à sa politique monétaire accommodante et relever ses taux », justifie-t-il.