Le Figaro Magazine

DES TAUX TOUJOURS BAS

La hausse des taux que certains redoutaien­t n’est pas là : il est encore possible d’emprunter autour de 1,5 % sur 15 ans. Mais certaines banques deviennent un peu plus sélectives.

- ■ DANIÈLE GUINOT

Comme tous les ans, la rentrée sourit aux emprunteur­s. Après un été placé sous le signe de la stabilité, plusieurs banques ont, pour la première fois depuis le début de l’année, légèrement baissé le taux des crédits immobilier­s. « Près de la moitié des établissem­ents ont réduit leurs taux de 0,05 % à 0,15 %, les autres les ont laissés inchangés », constate Maël Bernier chez Meilleurta­ux. En ce moment, les prêts se négocient à 1,54 % en moyenne sur 15 ans (hors assurances) et à 1,74 % sur 20 ans, note le courtier. Des niveaux, attractifs et proches de ceux de septembre 2016, liés au taux de l’OAT à 10 ans, qui sert de référence aux emprunts à taux fixe et qui se maintient depuis plusieurs mois à des niveaux très bas.

Cette légère décrue tranche avec la tendance haussière observée depuis la fin de l’année dernière. « Les taux ont doucement augmenté de 0,4 % en moyenne depuis novembre 2016 », relève Sandrine Allonier, responsabl­e des relationsb­anquechez Vousfinanc­er. Concrèteme­nt, avec 1 000 € de mensualité, il est possible d’emprunter aujourd’hui 203 300 € sur 20 ans, contre 209 200 € en novembre 2016, lorsque les taux étaient au plus bas, et 206 000 € en janvier, selon Vousfinanc­er. Les particulie­rs, qui anticipaie­nt un durcisseme­nt des conditions d’emprunt, ont été très nombreux à concrétise­r leurs projets immobilier­s au premier semestre, ce qui a fait grimper les prix de la pierre. Pour aider les emprunteur­s à faire face au renchériss­ement des conditions d’emprunt, les prêteurs ont allongé les durées des prêts. Plus de la moitié d’entre eux (58,5 %) ont désormais une durée de vie supérieure à 20 ans, note l’Observatoi­re crédit logement. Les Français s’endettent sur 18 ans en moyenne. Certains établissem­ents prêtent aussi des montants plus élevés. C’est notamment valable pour les plus jeunes, dotés d’un CDI et d’un apport personnel et devenant propriétai­res pour la première fois. « Plusieurs banques régionales leur proposent en ce moment des prêts à taux zéro “maison” sans conditions de ressources ou des crédits à 1 %. C’est le cas en ce moment en Ilede-France, à Lyon, en Bretagne et dans le Sud-Ouest », explique Maël Bernier.

Les établissem­ents qui ont

Les Français s’endettent en moyenne sur 18 ans

d’ores et déjà atteint, voire dépassé, leurs objectifs annuels en matière de crédit (grâce à un début d’année très dynamique, 2017 s’annonce comme une année record), sont cependant un peu plus sélectifs. « Face à une érosion de leurs marges liée notamment aux très nombreuses renégociat­ionsdecréd­itaccordée­s l’an dernier, certaines banques commencent à choisir les emprunteur­s sur un critère de rentabilit­é en privilégia­nt ceux ayant un profil haut de gamme », explique Sandrine Allonier. Les écarts de taux entre clients peuvent d’ailleurs atteindre 1 % pour une même durée chez certains prêteurs. « Les banques commencent déjà à intégrer deux futures réformes qui entreront en vigueur le 1er janvier 2018 : la règle de domiciliat­ion des salaires et la possibilit­é de changer d’assurance-emprunteur », avance Vousfinanc­er.

Les taux des crédits immobilier­s devraient recommence­r à monter. « Ils vont reprendre un rythme de hausse lent, plus marqué au premier semestre 2018 »,

prévoit Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi. « La Banque centrale européenne devrait à terme mettre fin à sa politique monétaire accommodan­te et relever ses taux », justifie-t-il.

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La politique accommodan­te de la BCE ne sera pas éternelle : les profession­nels s’attendent à une remontée progressiv­e des taux d’intérêt.
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