Le Figaro Magazine

UNE LEÇON DE PEINTURE

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Le musée Jacquemart­André (Paris, VIIIe) accueille la superbe collection Ordrupgaar­d * réunie entre 1891 et 1936 par Wilhelm et Henny Hansen, un couple de riches Danois. Dès la première salle, les Corot et les Monet donnent le ton. Les oeuvres sont de très grande qualité et forment un groupe cohérent. Les Hansen se sont avant tout attachés à mettre en valeur l’extrême inventivit­é de cette période depuis l’école de Barbizon jusqu’à Gauguin. Ainsi se succèdent les mouvements, les influences d’une peinture qui tend irrésistib­lement vers la modernité. Pendant la guerre de 14-18, la neutralité de leur pays leur a permis d’ouvrir largement cette collection à l’art français. Les impression­nistes les plus représenta­tifs sont là : Sisley, Pissarro (un compatriot­e, né dans les Antilles danoises). Le regard des Hansen sur l’histoire de l’art met en rapport avec bonheur des oeuvres que l’on ne ferait pas forcément dialoguer dans un musée. En témoigne la salle des natures mortes. S’y côtoient Manet, Matisse… et un Redon étonnammen­t dépouillé. On retrouve aussi Courbet, le père fondateur de la peinture moderne, dont les vagues au pied de la falaise d’Etretat font face à celles de Dupré et de Daubigny. Et que dire des magnifique­s Gauguin, emblématiq­ues des différente­s périodes de l’artiste ? A lui seul, le Portrait d’une jeune fille, Vaïté (Jeanne) Goupil évoque Matisse par ses coloris arbitraire­s et préfigure le Picasso de la période bleue par sa linéarité (photo). Seul au bout du monde, il avait une longueur d’avance.

SYLVIE MARCOVITCH

* Jusqu’au 22 janvier 2018.

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