ON DIRAIT LE SUD
UNDERGROUND RAILROAD, de Colson Whitehead, Albin Michel, 416 p., 22,90 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Serge Chauvin.
C’est le roman qui a passionné l’Amérique : prix Pulitzer, National Book Award, il est aussi l’un des livres préférés de Barack Obama. On le comprend : Colson Whitehead est un authentique styliste et un immense romancier. Pas de temps mort pour Cora, son héroïne, jeune esclave de 16 ans. Dans sa plantation de coton de Géorgie, elle connaît la barbarie : son maître est un monstre qui fait de ses
« nègres » des animaux. Quand le jeune Caesar lui propose de fuir avec lui vers le nord, elle ne sait pas encore qu’elle vivra la pire des traques. Aventures, violence, racisme innommable, Whitehead décrit par le menu les pires sévices, la vie quotidienne dans les champs de coton et de mort, la rage des chasseurs d’esclaves, la délation, mais aussi le combat de tous ceux qui se sont battus à leurs risques et périls pour sauver les Noirs de leur funeste destin. Sa grande idée, c’est d’imaginer un véritable « chemin de fer clandestin ». Ce qui n’était que le surnom d’un réseau de routes secrètes permettant la fuite des fugitifs, devient, sous sa plume, un authentique train souterrain, presque fantôme. Il fallait de l’audace et un talent infini pour oser une telle invention. James Baldwin, Richard Wright ou Toni Morrison ont un nouvel héritier.