LES PRISONNIÈRES DU DÉSERT
★★★ LA NATURE DES CHOSES, de Charlotte Wood, Le Masque, 288 p., 20,90 €. Traduit de l’anglais (Australie) par Sabine Porte.
Après avoir été droguées et enlevées, dix jeunes femmes sont mystérieusement enfermées dans des locaux agricoles désaffectés, ceinturés d’infranchissables clôtures électriques, quelque part au beau milieu de l’outback australien. Tondues et sales, vêtues de hardes, exténuées par des travaux harassants, les malheureuses doivent de surcroît subir les sévices de deux matons aussi vicelards que brutaux. Très vite, elles s’aperçoivent alors qu’elles ont toutes fait les gros titres à cause de scandales sexuels retentissants. Est-ce la raison de leur abominable réclusion ? Traitées comme des bêtes, leur calvaire semble interminable. Jusqu’à ce que les vivres se mettent à manquer, et que la sauvagerie change soudain de camp… Avec ce livre choc, quasi traumatisant, Charlotte Wood n’y va pas de main morte. A travers une effrayante allégorie, frisant souvent l’horreur,
La Nature des choses se veut avant tout une charge féministe viscérale contre la violence des hommes.
Ce qui n’empêche pas cette romancière australienne jusqu’ici inconnue en France (mais très célèbre aux antipodes) de signer, avec ce terrible huis clos empreint d’une rude étrangeté, un impressionnant roman noir, énigmatique et addictif à souhait. PHILIPPE BLANCHET