FOCUS LOU DOILLON : TALENTS PLURIELS
La comédienne, chanteuse et mannequin, signe pour Astier de Villatte une collection de céramiques inspirée par ses dessins. Découverte.
Tout est utile à l’artiste en dehors des idées », affirmait Oscar Wilde. L’ennui, par exemple : il n’y a pas mieux pour convoquer l’inspiration. La vacuité est un pas de côté inespéré, un temps arrêté où la créativité file à plein régime. L’esprit peut prendre le temps de divaguer, l’attention, de s’attarder sur mille choses anodines qui passent anonymes sous les yeux des gens pressés. C’est lors de longs moments d’attente entre deux prises sur des tournages, sur des séances photo, que Lou Doillon s’est mise à dessiner il y a quelques années. Pas d’intention particulière. La jeune femme se prête à l’exercice en autodidacte, mais son regard ciblé sur l’essentiel, ce trait à l’encre sensible et précis témoignent d’un vrai talent. Sa plume saisit au débotté la poésie d’une attitude, le naturel d’un geste, le détail d’une simple paire de baskets… Si la technique employée évoque la tradition du dessin telle qu’elle fut entreprise par les Romains, puis reprise par les peintres de la Renaissance, notamment pour le tracé des fresques, l’intensité toute simple qui se dégage rappelle les portraits au crayon de David Hockney. C’est authentique, maîtrisé, d’une incroyable efficacité.
L’époque a ses nouvelles galeries. Lou Doillon poste ses premiers croquis sur Instagram. Succès immédiat, ses abonnés likent à tout va. Passés par les Beaux-Arts, Benoît Astier de Villatte et Ivan Pericoli, créateurs de la célèbre maison française de céramique, ne s’y trompent pas qui ont repéré son coup de patte et lui proposent, dès 2014, une collaboration. Trois ans auront été nécessaires pour mettre au point une collection d’arts de la table et un recueil. On découvre aujourd’hui 17 tasses où sur chacune se dévoile un tracé de la main gauche de l’artiste prise pour modèle. Un résultat élégant, dans le bel esprit d’Astier de Villatte qui édite également un livre, Drawings, où est réunie plus d’une soixantaine de dessins. A ne pas manquer : la séance de dédicace de Lou Doillon chez Colette, le samedi 23 septembre, de 17 heures à 19 heures, à quelques enjambées seulement de la boutique de la rue Saint-Honoré. Il n’est jamais trop tôt pour penser à Noël et à une sympathique idée de cadeau.