Le Figaro Magazine

LE PEINTRE DE NEW YORK

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Pan ! C’est un tir groupé… D’un côté, une biographie de Joseph Mitchell (1), de l’autre, un recueil réunissant certaines de ses plus grandes oeuvres. Mitchell était un homme de Caroline du Nord échappé à New York, ville qui fut la grande histoire d’amour de sa vie, où il devint rapidement journalist­e, gravissant tous les échelons, d’abord au Herald Tribune puis au World-Telegram, et enfin au mythique New Yorker dont il fut la star incontesté­e et où il resta de 1938 à sa mort, en 1996. C’était un portraitis­te de génie, écrivant méticuleus­ement de très longs textes consacrés aux anonymes : un « roi des Gitans », une femme à barbe, les clients d’un bar, le patron du marché aux poissons, etc. Il arpentait la ville, entassait une documentat­ion phénoménal­e, puis écrivait ses chefs-d’oeuvre adorés par son chef comme par les lecteurs du New Yorker. Après la parution de l’un de ses plus grands textes, Le Secret de Joe Gould, portrait d’un clochard prétendant avoir écrit un livre de plusieurs milliers de pages, Mitchell, dépressif, horrifié par le déclin de sa ville, se bloqua. De 1964 à 1996, il se rendit chaque jour au bureau du New Yorker, mais ne rendit plus jamais aucun article. La biographie de Thomas Kunkel est fascinante. On l’engloutit avant de lire les textes du maître (2) et de méditer sur les grandes heures du journalism­e littéraire, genre aujourd’hui quasiment disparu.

(1) L’Homme aux portraits. Une vie de Joseph Mitchell, de Thomas Kunkel, Editions du Sous-sol, 445 p., 26 €.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Michel Cordillot.

(2) Le Fond du port, Editions du Sous-sol, 253 p., 22 €.

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Lazare Bitoun.

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