Le Figaro Magazine

GÉRARD DEPARDIEU MONSTRE ET COMPAGNIE

L’acteur publie un livre très personnel, « Monstre », au sujet duquel nous étions venu l’interroger. Problème : il a préféré parler d’autre chose. Récit d’une rencontre très chaotique.

- PAR NICOLAS UNGEMUTH (TEXTE) ET RICHARD MELLOUL (PHOTOS)

C’est un matin triste, un dimanche avec ça, celui de la « journée sans voiture ». Il crachine dans le VIe arrondisse­ment de Paris mais l’émotion est intense : il s’agit de se rendre chez Gérard Depardieu pour ce qui doit être une longue interview… Il est, paraît-il, d’excellente humeur, sobre et causant. Depardieu ! D’aucuns ne l’aiment pas, voient en lui un pitre grossier et aviné, un acteur qui n’aurait pas tourné dans un bon film depuis on ne sait même plus quand. Ce n’est pas notre cas. L’idée d’aller rencontrer celui qui a révolution­né la manière de jouer au cinéma en France comme Brando l’avait fait aux Etats-Unis est un vieux rêve. Il y a belle lurette que ses films ne nous passionnen­t plus, mais on ne voit pas où est le problème : il en a fait tant de grandioses dans sa vie que c’est amplement suffisant. Tous ces chefs-d’oeuvre vus des dizaines de fois, seul ou entre amis, ces répliques magiques, ces personnage­s plus grands que la vie : Alphonse Tram dans Buffet froid (« Je vous présente l’assassin de ma femme ! »), Léopold Lajeunesse dans Uranus (« J’ai des vers qui me sortent de partout ! J’ai la poésie dans la viande ! »), Raoul-Renaud, vicomte d’Homecourt de la Vibraye dans Le Sucre (« Un Martini for me, un Pernod pour mon poteau ! »), Bernard Granger dans Le Dernier Métro (« C’est une joie… et une souffrance »), et puis tant d’autres : La Femme d’à côté, Préparez vos mouchoirs, Vincent, François, Paul et les autres, Sous le soleil de Satan… Depardieu peut désormais bien jouer ce qui lui chante avec une oreillette. Qui irait le lui reprocher ?

D’ailleurs, ce n’est pas pour lui parler de cinéma

qu’on vient le voir. Ça tombe bien : Depardieu ne parle pas du passé. La nostalgie est un luxe que ne peuvent pas se permettre ceux qui ont eu des vies très riches - ils pourraient en crever.

Il se trouve que l’acteur sort un nouveau livre, Monstre *, avec, en couverture, une photo de lui à la Francis Bacon pour mieux coller au titre. C’est une sorte de suite à Innocent, sorti en 2015. L’ouvrage est, comme son prédécesse­ur, composé de courts chapitres d’une à quelques pages, mais le ton y est plus intime, plus personnel. Le fil rouge est →

“J’AI DES VERS QUI ME SORTENT DE PARTOUT !”

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