L’affiche/Les passe-temps d’Eric Neuhoff
Le frigidarium des thermes de Cluny * accueille une exposition passionnante consacrée au verre au Moyen Age : s’y mêlent savoir et poésie, technique et esthétique. Une vidéo offrant un petit cours sur les différents modes de fabrication précède la découverte de superbes vitraux. Provenant de l’abbatiale de Saint-Denis ou de la Sainte-Chapelle, certains sont éblouissants de couleurs, d’autres – sous l’influence cistercienne – privilégient le clair-obscur et la monochromie de la grisaille. Ainsi, comme le souligne au XIIe siècle le moine Théophile, l’homme peut admirer « l’inestimable éclat du verre ». Un privilège que partagent de riches particuliers, illustré ici par
Les Joueurs d’échecs (photo), précieux vitrail de l’hôtel de la Bessée (vers 1440). L’usage domestique du verre est aussi mis en valeur. Au XIIIe siècle, stimulés par la qualité de la production du Proche-Orient, les artisans se lancent dans des formes de plus en plus sophistiquées. Au simple gobelet succède le verre à tige, le décor se pare de cabochons, de filets rapportés ou de motifs émaillés. La richesse des vitrines souligne ces variations infinies. L’aspect utilitaire n’est pas oublié. Le miroir fait son apparition – le musée historique de Vevey a prêté l’unique exemplaire conservé de miroir parabolique dit « à bosse » – ainsi que les lunettes dont on découvre avec émotion l’empreinte sur la page d’un Recueil de sermons de saint Augustin, sans parler de l’urinal cher aux médecins de l’époque…
SYLVIE MARCOVITCH
* Musée de Cluny, Paris Ve, jusqu’au 8 janvier 2018.