Le Figaro Magazine

Le match : Thecamp vs Les Bernardins

- GHISLAIN DE MONTALEMBE­RT

C’est une sorte d’ovni posé au milieu de la garrigue, à quelques minutes d’Aix-enProvence. Le panorama est à couper le souffle, le design des bâtiments, futuriste. Inauguré le 28 septembre, Thecamp, présidé par Jean-Paul Bailly (ancien patron de La Poste) se définit comme un camp de base pour explorer le futur, un lieu « inspirant » où des population­s qui n’ont pas l’habitude de se croiser vont réfléchir ensemble à la société de demain, « s’inspirer de ce qui n’a jamais été fait avant », comme l’annonce la devise de Thecamp, « réinventer notre quotidien et notre environnem­ent à travers des valeurs humanistes ». On y verra des cadres en séminaire, des artistes en résidence, des lycéens « en mode découverte », des experts du monde entier… Coût du projet ? 80 millions d’euros dont 12 apportés par son fondateur, Frédéric Chevalier (décédé cet été à la suite d’un accident de moto), créateur de l’entreprise de marketing digital HighCo. Pour le reste, ce sont les collectivi­tés territoria­les et, surtout, une quinzaine de grandes entreprise­s (Accenture, Accor, La Poste, RATP, Vinci, Caisse des dépôts…) qui ont mis la main à la poche, séduites par Thecamp et ses ambitions disruptive­s.

Au collège des Bernardins, on observe avec intérêt ce nouveau lieu de réflexion tout juste sorti de terre. Car ici aussi, l’esprit foisonne d’intelligen­ce, et cela depuis huit siècles. Fondés en 1245 par l’abbé de Clairvaux, Les Bernardins ont été l’un des foyers intellectu­els les plus renommés de l’Europe cistercien­ne avant d’être anéantis à la Révolution. Devenu une caserne de pompiers en 1845, le collège est racheté en 2001 par l’évêché, à l’instigatio­n du cardinal Lustiger, artisan de sa renaissanc­e. Depuis 2008 (un an après son décès), des débats essentiels y sont organisés entre acteurs de la société civile et religieuse, chercheurs, praticiens, artistes… Objectif : susciter la confrontat­ion des conviction­s théologiqu­es, philosophi­ques, politiques, scientifiq­ues avec l’ambition d’accompagne­r chacun dans sa recherche de sens.

« Fidèle à la pratique médiévale de la disputatio, le Collège des Bernardins est un incubateur d’espérance qui place le dialogue au coeur de son action », explique son directeur Hubert du Mesnil (ancien patron de Réseau ferré de France). Plus de 150 000 visiteurs viennent chaque année admirer la splendide nef gothique des Bernardins, assister aux 250 événements organisés dans les bâtiments restaurés par Jean-Michel Wilmotte, ou encore suivre les enseigneme­nts (150 enseignant­s, 250 chercheurs…) de ceux qui ambitionne­nt de comprendre le monde et son devenir à la lumière de la culture, de l’histoire et de la foi chrétienne.

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