Le Figaro Magazine

“NOUS AVONS DÉPASSÉ ORWELL : NOUS SOMMES CHEZ VAN VOGT”

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→ tu verras que ceux qui déterraien­t les cadavres pour essayer de faire ce que les Italiens ont fait avec les écorchés, on les passait au bûcher. Catholique­s ou orthodoxes, hein ! Avant la famille Romanov, c’était Chouïski qui était le prince des Tartares. Ensuite Ivan le Terrible, qui a pris le pouvoir à 17 ans, puis il est devenu fou, il était prisonnier des Tartares, il se cachait sous les tables… Charles Quint a abdiqué, mais dans quel état ? Il est allé dans un monastère qui essayait de faire des montres pour mesurer le temps. C’est le problème de tous ces grands rois, qui étaient bloqués sur les serrures et les pendules. Le temps perpétuel… Le pire, c’est que ce sont les guerres qui ont fait faire des progrès. Les Israéliens, aujourd’hui, qui peuvent reconstrui­re un blessé de guerre comme neuf. »

On ne peut pas poser une nouvelle question qu’il se met à évoquer Rocard, Kim Jong-un, « la Trumpette » et Merkel avant de conclure par « Tout ça, c’est de l’attitude, c’est comme une bande-annonce de film : on connaît tout du film avant de le voir. C’est pour ça que le cinéma est de moins en moins intéressan­t. Moi, c’est simple, je ne vais voir que les films qui se font descendre par la critique. » Quel torrent ! On tente de le faire parler de la France, évoquée dans le livre : « Contrairem­ent à ce que disent les journalist­es, ce n’est pas pour la fiscalité que je me suis barré. Non. Si c’était pour ça, je me serais barré bien avant ! Je payais plein pot, je ne me plaignais pas. Ce que je ne supporte pas, et c’est pour ça que ce pays m’emmerde, c’est de voir que les Français sont tristes comme la mort. Ils n’osent même plus regarder leur terre puisqu’ils en ont honte. La France est un très beau pays, mais où les gens sont perdus. Quand je suis en France, je reste ici, chez moi, avec mes livres : je ne veux pas sortir voir le désastre. Nous avons dépassé Orwell : nous sommes dans La Faune de l’espace de Van Vogt, où plus personne ne comprend rien. Le suffrage universel, c’est fini : nous sommes dirigés par Apple et Zuckerberg. »

Et cette langue française, qu’il a maîtrisée sur le tard,

et dont il parle dans Monstre ? « Mais pourquoi tu me demandes ça ? ! tonne-t-il, puisque c’est écrit dans le livre ! Je vais pas me répéter ! » Eh bien c’est que nous nous adressons à des gens qui ne l’ont pas lu. Alors, cette langue ? : « Il n’y a plus de littératur­e. Les gens lisent Levy, Musso, Les Fourmis. La vraie littératur­e, comme celle de Peter Handke, est très rare. Quant à la langue, encore faut-il savoir l’étymologie des mots… Et bientôt, on ne trouvera plus un dictionnai­re… La plupart des gens qu’on entend à la radio ou à la télé ne parlent →

 ??  ?? Désolé, à juste titre, par la malbouffe et les normes de Monsanto, Gérard Depardieu s’est longtemps impliqué dans des vignes dignes de ce nom.
Désolé, à juste titre, par la malbouffe et les normes de Monsanto, Gérard Depardieu s’est longtemps impliqué dans des vignes dignes de ce nom.

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