LE GRAND CINÉMA DU PRINCE ALBERT

AU REVOIR LÀ-HAUT de et avec Albert Dupontel, Nahuel Perez Biscayart, Laurent Lafitte, Niels Arestrup (en salles le 25 octobre).

Pour porter à l’écran l’épique roman de Pierre Lemaitre, prix Goncourt 2013, il fallait un réalisateur un peu fou auquel les financiers pouvaient néanmoins faire confiance. Riche d’un univers pathético-burlesque et du succès critique et public de son précédent film, 9 mois ferme (2 césars et près de 2 millions d’entrées), Albert Dupontel était l’homme de la situation. C’est à lui, donc, qu’est revenu le loisir de mettre en images et de prendre part à l’incroyable histoire de ces deux rescapés des tranchées qui, en novembre 1919, décidèrent d’allier leurs talents pour monter une arnaque peu commune autour de la vente virtuelle de monuments aux morts. Dans le costume du petit comptable embarqué dans un hold-up trop grand pour lui, Dupontel se révèle aussi bouleversant que son malicieux partenaire : Nahuel Perez Biscayart. Après avoir donné de la voix dans 120 battements par minute, l’acteur argentin prouve qu’il sait aussi imposer sa présence dans un numéro quasi muet et derrière les masques couvrant les cicatrices de son personnage, un artiste mutilé au combat. Autour de ce duo haut en couleur gravitent des archétypes sociaux auxquels donnent vie des acteurs subtils comme Laurent Lafitte, Niels Arestrup, Emilie Dequenne ou Mélanie Thierry. Embarqués dans un univers où, comme chez Jean-Pierre Jeunet, chaque détail (décors, costumes, accessoires, musiques) est soigné, ils sont les héros d’un de ces films qui prouvent que le grand cinéma n’est pas mort. CLARA GÉLIOT