LE GÉNIE HUMBOLDT
★★★ L’INVENTION DE LA NATURE. LES AVENTURES D’ALEXANDER VON HUMBOLDT, d’Andrea Wulf, Noir sur Blanc, 624 p., 28 €. Traduit de l’anglais (Royaume-Uni) par Florence Hertz.
Il a beau avoir donné son nom à un courant océanique, un glacier et un calmar géant, on l’a oublié. Pourtant, Alexander von Humboldt (1769-1859) fut l’homme le plus célèbre de son temps. La passionnante biographie d’Andrea Wulf, joliment intitulée L’Invention de la nature, devrait effacer cette faute de goût. Naturaliste, géographe, explorateur de l’Amérique latine, écrivain raffiné d’un genre nouveau combinant observation scientifique et description des paysages, polyglotte, ce Berlinois admiratif de Goethe et des Lumières, libéral en politique, souhaitait jeter des ponts entre les disciplines. Dernier « savant universel », il inventa le terme « orage magnétique », révolutionna la géographie des plantes et la géomorphologie (l’étude des formes du relief), pressentit la dérive des continents et rêva d’un canal à Panamá. A Paris, où il vécut plus de vingt ans, ce séducteur bavard fit les délices des salons. Il fut l’ami de Chateaubriand et il influença Darwin, Bolivar, H. D. Thoreau, Thomas Jefferson et Jules Verne. Napoléon le jalousait et le prenait pour un espion. « Vous vous intéressez à la botanique, lui lança un jour avec mépris l’Empereur, ma femme aussi s’occupe de plantes. »