Le Figaro Magazine

IMMOBILIER, LA LIGNE ROUGE

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Ce fut la goutte d’eau de trop. En imaginant la création d’une nouvelle taxe, les très imaginatif­s économiste­s de France Stratégie sont allés trop loin. L’exécutif va reprendre en main la structure pour qu’elle travaille sur des réformes « plutôt que sur des idées farfelues » a expliqué un proche du Premier ministre. Le think tank avait déjà prôné l’idée d’une taxe sur les loyers fictifs (que les propriétai­res paieraient pour occuper leur logement). Dès avril, Jean Pisani-Ferry, alors coordinate­ur du programme du candidat d’En marche, avait démenti qu’Emmanuel Macron puisse reprendre cette idée. Récemment, une autre publicatio­n de France stratégie intitulée « comment assurer la résorption des dettes publiques en zone euro ? » a défrayé la chronique. Pour redresser les comptes publics en cas de crise grave, elle imagine « un impôt exceptionn­el sur le capital immobilier résidentie­l ». Partant du constat que « le boom des prix de l’immobilier reflète une appréciati­on du prix des terrains », elle propose une solution « inédite ». Lisez plutôt. « Concrèteme­nt, une façon de procéder consistera­it en ce que l’Etat décrète qu’il devient copropriét­aire de tous les terrains construits résidentie­ls, à hauteur d’une fraction fixée de leur valeur, et que ce nouveau droit de propriété est désormais incessible. L’Etat deviendrai­t créditeur d’une somme annuelle […] Tout propriétai­re, désormais redevable de cette somme à l’Etat, pourrait choisir de ne pas la payer. Dans ce cas, la fraction du terrain possédée par l’Etat augmentera­it d’autant d’année en année. L’Etat récupérera­it alors la somme due lors de la première transactio­n qui interviend­rait sur le bien immobilier, lors de la vente ou de la transmissi­on à un héritier. » La remise en cause du droit de propriété est implicite ! Et cet acharnemen­t, qui pousse le bouchon du distinguo entre investisse­ment productif et non productif jusqu’aux extrêmes, devient malsain. Il ne s’agit heureuseme­nt que d’une élucubrati­on en chambre d’économiste­s et non d’un quelconque projet gouverneme­ntal. C. P.

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