Le Figaro Magazine

Les hommes du Président

Emmanuel Macron dirige l’Etat avec une poignée de conseiller­s et de collaborat­eurs à l’Elysée, qui se surnomment « les Mormons ». Parmi eux : le tandem de choc, Alexis Kohler et Ismaël Emelien. Des hommes secrets aux méthodes commandos assumées.

- VINCENT NOUZILLE

Sans leur feu vert, rien n’est possible. Ils relisent tout, décident de tout, bloquent ce qui les dérange, s’immiscent partout… » Cette confidence d’un ministre important en dit long sur le pouvoir actuel d’un cercle très restreint de collaborat­eurs d’Emmanuel Macron. Depuis son arrivée à l’Elysée le 14 mai, le Président s’est en effet entouré d’une garde rapprochée de fidèles, les seuls en qui il a vraiment confiance et avec qui il travaille de manière intensive jour et nuit, généraleme­nt dans la bonne humeur, mais souvent jusqu’à 3 heures du matin, au risque de les épuiser. Certains ont été ses collaborat­eurs à Bercy. Ils l’ont épaulé dans l’aventure d’En Marche !. Ils ont organisé sa campagne présidenti­elle. Rien d’anormal à ce que le nouvel élu les ait choisis pour tenir avec lui les rênes de l’Etat et mener les « transforma­tions » promises – le mot « réforme » est banni du langage macronien – au pas de charge.

Mais le verrouilla­ge est complet, entre les mains d’une douzaine de personnes (voir infographi­e pages suivantes) qui comptent et qui s’appellent parfois entre eux, en plaisantan­t, « les Mormons », pour ne pas dire les moines soldats ou les élus de Dieu. Ils sont sous la férule du Président qui verrouille tout avec ses deux principaux compagnons de route et collaborat­eurs : son bras droit Alexis Kohler, 45 ans, secrétaire général de l’Elysée, et son bras gauche Ismaël Emelien, 30 ans, qui a le titre de conseiller spécial. Le grand commis cravaté au sangfroid et le stratège intello branché Uniqlo. Un duo d’éminences peu bavardes, qui n’aiment pas la lumière, mais qui ont plus de poids que bien des membres du gouverneme­nt, et même que le Premier ministre Edouard Philippe. « Tout est concentré à l’Elysée, comme sous Sarkozy et comme souvent en début de mandat, mais l’équipe aux commandes est vraiment très serrée », constate Julien Vaulpré, ancien conseiller opinion de Nicolas Sarkozy et directeur général de Taddeo. « En réalité, le trio Macron-Kohler-Emelien dirige la France, commente un visiteur régulier du Château. C’est efficace pour avancer vite, dans un esprit de commando. Cependant, ils fonctionne­nt un peu entre eux, prenant le risque de paraître coupés du monde, autoritair­es et trop technos. »

LE TRIO MACRONKOHL­ER-EMELIEN DIRIGE D’UNE POIGNE DE FER

Emmanuel Macron ne les a pas choisis par hasard. Fines lunettes et allure svelte, Alexis Kohler connaît les rouages de l’Etat, principale­ment du ministère de l’Economie. Strasbourg­eois de naissance, issu d’une famille avec un père catholique et une mère juive, il cultive une discrète retenue et un certain sens de la diplomatie, même s’il peut lui arriver d’être cassant. « Il incarne plutôt un Bercy ouvert », note un de ses contacts, qui a apprécié sa courtoisie lorsqu’il officiait sur place. C’est d’abord, comme Emmanuel Macron, un surdoué qui a accumulé les diplômes : Sciences-Po, DEA de droit public, Essec et ENA. De quoi se constituer de solides réseaux. A Sciences-Po, il a milité au sein des jeunes rocardiens, aux côtés d’un certain Edouard Philippe et d’Emmanuel Moulin, actuelleme­nt directeur de cabinet de Bruno Le Maire à Bercy. Au sein de la promotion Averroès de l’ENA, il a connu notamment Fleur Pellerin et Audrey Azoulay, deux anciennes ministres de la Culture de François Hollande. Bien qu’il ne fasse pas partie de la caste des inspecteur­s des Finances, Alexis Kohler a travaillé dans leur fief, au sein de la prestigieu­se direction du Trésor, avant de s’occuper des questions d’endettemen­t pour le Club de Paris et le Fonds monétaire internatio­nal. « Cela l’a vacciné contre les

hausses d’impôts, les déficits et les dettes », note un de ses camarades du Trésor.

Archétype du haut fonctionna­ire aux idées social-réformiste­s façon DSK, il s’est aussi frotté de 2010 à 2012 aux arcanes du monde des affaires au sein de l’Agence des participat­ions de l’Etat, qui gère un portefeuil­le de 90 milliards d’euros, dont les deux tiers dans des entreprise­s cotées, comme EDF et Renault. Sur un dossier automobile, il a eu l’occasion de rencontrer un jeune banquier prometteur de chez Rothschild, nommé Emmanuel Macron, recroisé dans les coulisses de la campagne de François Hollande en 2012. Lorsque ce dernier est élu, Kohler devient directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l’Economie. Il voit régulièrem­ent Macron, qui suit les dossiers économique­s à l’Elysée en tant que secrétaire général adjoint. Entre les deux hommes, l’alchimie fonctionne si bien qu’Emmanuel Macron le choisit comme directeur de cabinet quand il est nommé à Bercy en août 2014 pour remplacer Arnaud Montebourg. Suivent deux années de travail en duo synchronis­é, sans frictions, pour faire adopter la loi Macron ou négocier avec PSA. « Alexis rassure Emmanuel. C’est son jumeau, son alter ego, son ami », confie un ancien conseiller du cabinet. Quand le ministre de l’Economie décide, au printemps 2016, de lancer En Marche ! avec l’élection présidenti­elle en ligne de mire, Alexis Kohler fait partie du premier cercle des initiés, avec d’autres membres du cabinet comme Ismaël Emelien, Julien Denormandi­e, Quentin Lafay, Stéphane Séjourné, Clément Beaune, Sibeth Ndiaye, Barbara Frugier, tous membres de sa garde rapprochée aujourd’hui. Fin août 2016, Macron démissionn­e de Bercy en citant son principal collaborat­eur lors de son discours : « Merci à […] Alexis Kohler, qui, depuis un peu plus de deux ans, avec un dévouement extrême et une intelligen­ce que j’envie, m’accompagne. » Un compliment rare.

« C’est la seule personne dont Macron dit qu’elle est plus intelligen­te que lui », confirme un de ses proches.

Actif au début de la campagne, Alexis Kohler part pantoufler dans le secteur privé comme directeur financier de MSC, le géant helvético-italien de transport maritime. « Il n’a fait chez nous qu’un passage rapide, sans histoires, de mi-novembre 2016 à mai 2017 », indique-t-on chez MSC. Mais, entre Genève et Paris, il continue de superviser, la nuit et les week-ends, l’organisati­on de l’équipe et l’élaboratio­n du programme du →

→ candidat. Avec des avis tranchants. Une hausse de la TVA est-elle envisagée ? Il préfère de loin la CSG. Promet-on une indemnité chômage aux démissionn­aires ? « Mesure coûteuse et pas centrale », estime-t-il. Veut-on réduire le chômage ? « L’essentiel est de savoir si les Français sont effectivem­ent convaincus que mieux vaut des travailleu­rs pauvres que des chômeurs bien indemnisés », écrit-il dans un e-mail daté du 29 novembre 2016 à Ismaël Emelien. Il recommande par ailleurs de faire un discours « où on mettra l’investisse­ment public et privé avec la réforme de la fiscalité du capital (cela fera un beau paquet gauche-droite) ». Kohler fait de la politique ! Et quand les équipes élaborent un document pour vanter le bilan de Macron à Bercy, l’ancien « dircab » corrige : il faut, selon lui, ajouter la refonte de la filière nucléaire, l’effort sur les délais de paiement des entreprise­s, la défense de l’industrie fran- çaise, la relance de l’investisse­ment européen, entre autres. Méticuleux !

Ses échanges avec Emmanuel Macron sont alors quotidiens, sa proximité éprouvée. « Le tandem est aussi efficace qu’inséparabl­e », constate Jean-Jacques Bridey, un des premiers élus socialiste­s ralliés, devenu le président de la commission de la Défense à l’Assemblée. La nomination d’Alexis Kohler comme secrétaire général de l’Elysée en mai 2017 est naturelle. Tout comme l’arrivée d’Ismaël Emelien comme conseiller spécial à ses côtés. Son itinéraire n’a rien de celui d’un haut fonctionna­ire. Il est plutôt hors cadre. Amateur de musique, dévoreur de livres, travailleu­r compulsif. Capable de synthèses brillantes, d’idées décalées et de longs silences. « Un cérébral taiseux, tendance libérale », résume un de ses copains. Aîné d’une famille grenoblois­e, il a plongé dans

la politique dès ses années d’étudiant à Sciences-Po. Il fait alors partie de ce que les ex-strauss-kahniens appellent « la bande de la rue de La Planche », le lieu où se réunissaie­nt les jeunes partisans de DSK dès 2006, avec notamment Gilles Finchelste­in, directeur de la Fondation Jean-Jaurès et spécialist­e des études chez Euro RSCG. Période bénie. Finchelste­in engage ensuite Emelien à ses côtés dans la boîte de com’ dirigée par l’influent Stéphane Fouks, prêt à mettre sur orbite le présidenti­able DSK. L’arrestatio­n de ce dernier à New York le 14 mai 2011 douche les ambitions des fans de l’ancien ministre. « Ismaël ne s’y attendait pas du tout. Il l’a très mal vécu », confie un de ses amis. Il poursuit sa carrière chez Euro RSCG devenu Havas, en assurant la communicat­ion de grands groupes et d’hommes politiques, y compris quand il se rend à Caracas en 2013 pour participer aux prémices de la campagne de Nicolás Maduro, successeur dictatoria­l de Chávez.

Il est toujours en quête d’un mentor en France. Emmanuel Macron comble ce vide à partir de 2012. Le secrétaire général adjoint de l’Elysée organise alors des dîners pour échanger des idées, auxquels participen­t Gilles Finchelste­in et Ismaël Emelien, qui se dit impression­né par l’agilité intellectu­elle de l’exbanquier d’affaires. Avec Macron, ils rêvent début 2014 de créer une start-up, sans en avoir le temps. Devenu ministre de l’Economie durant l’été, Macron embarque le communican­t dans ses bagages à Bercy. Celui-ci incite son ministre à « parler vrai » et à assumer sa loi libérale sur les profession­s réglementé­es. Ismaël Emelien s’impose comme stratège de la création d’En Marche ! et comme une éminence grise de la campagne soft du candidat, « en même temps » de gauche et de droite. →

→ Il suit le vainqueur rue du Faubourg-Saint-Honoré pour occuper un poste aux contours peu définis, qui l’apparente aux conseiller­s tels Aquilino Morelle pour François Hollande et Henri Guaino pour Nicolas Sarkozy. « Ce sont pour lui des antimodèle­s, car ils sont sortis de l’ombre », nuance-t-on dans son entourage. Ismaël Emelien, lui, préfère rester discret, refusant tout contact avec les journalist­es parce qu’un conseiller, à ses yeux, ne doit pas exister. Son influence sur le « Boss » n’en demeure pas moins bien réelle, tout comme celle du général en chef Alexis Kohler.

La répartitio­n des rôles est claire. A Alexis, le rôle central du gestionnai­re : dans un bureau proche de celui du Président, situé au premier étage de l’Elysée, il dirige la tour de contrôle du pouvoir, à l’instar d’un Dominique de Villepin sous Chirac, d’un Claude Guéant avec Sarkozy ou d’un Jean-Pierre Jouyet au début de Hollande. A Ismaël, le poste d’éclaireur, comme vigie du macronisme : installé sous les toits du Palais, il se charge de la réflexion stratégiqu­e, des études d’opinion et de la recherche d’ idées neuve soude for mules chocs, comme le fameux« Make our planet great again ! » lancé par Macron après la décision de Donald Trump de sortir de l’accord de Paris sur le climat.

La machine est huilée. Elle tourne à plein régime. De 8 h 30 le matin jusqu’à 3 heures le lendemain matin, les deux hommes et leurs « Mormons » sont sur le pont. Pour Ismaël Emelien : lectures des études d’opinion, demandes de notes à des consultant­s extérieurs, rendez-vous discrets avec les sondeurs, participat­ion à toutes les réunions importante­s au Château, plongée sur les plates-formes du mouvement de La République en marche (LREM), rédaction de synthèses politiques, échanges quotidiens avec le Président. « Il est rare que celui-ci prenne une décision sans avoir consulté Ismaël »,

dit-on dans l’équipe. Pour Kohler, les réunions s’enchaînent également sans arrêter : contacts multiquoti­diens avec le directeur de cabinet du Premier ministre ; points « stratégiqu­es »

chaque semaine avec la garde rapprochée sur l’agenda du Président et sur le moyen terme ; organisati­on des rendez-vous du Président dont les rencontres hebdomadai­re avec JeanYves Le Drian, Gérard Collomb, Bruno Le Maire et Florence Parly ; préparatio­ns des conseils de Défense et des Conseils des ministres ; réunion bimensuell­e avec la cinquantai­ne de conseiller­s de l’Elysée. Sans oublier de multiples autres briefings thématique­s et la relecture de centaines de notes provenant de tous les étages du Palais et d’ailleurs. « Pas un document n’est transmis au Président sans être passé par Alexis », préciset-on à l’Elysée. Pour mener à bien toutes ces tâches, il s’appuie sur le préfet Patrick Strzoda, directeur de cabinet du Président, qui suit notamment les dossiers régaliens, et sur la secrétaire générale adjointe, Anne de Bayser : c’est elle, par exemple, qui a surveillé le dossier industriel des âpres négociatio­ns avec le groupe MSC, ancien employeur de Kohler, pour le tour de table des chantiers navals STX.

Le tempo du Président est infernal. Après avoir dîné avec son épouse, Brigitte, toujours très présente, il recommence à travailler entre 23 heures et 3 heures du matin avec ses lieutenant­s et ne dort que trois ou quatre heures par nuit. Le rythme est d’ailleurs si soutenu qu’Alexis Kohler, marié à une coach passionnée de théâtre et père de trois enfants, peine à suivre.

« Quand je pars à 3 heures du matin, je suis fatigué le lendemain », a confié ce gros dormeur à son entourage. Signe d’un léger surmenage : selon des sources concordant­es, le secrétaire général, pourtant réputé infatigabl­e à Bercy, aurait déjà subi plusieurs coups de pompe depuis son arrivée à l’Elysée.

Mais cela ne l’empêche pas, avec Ismaël Emelien, de mettre en oeuvre de manière implacable l’imperium voulu par le Président. « Ils tiennent l’Etat, mais ce sont des monstres froids, aux méthodes brutales », murmure un leader de la majorité. Le flingage de certains grands pontes socialiste­s ou LR aux élections législativ­es et le sauvetage de Manuel Valls ont été organisés méthodique­ment par le trio Macron-Kohler-Emelien, tout comme le départ du gouverneme­nt de Richard Ferrand, François Bayrou, Marielle de Sarnez et Sylvie Goulard avant l’été. Dernières de leurs missions : le parachutag­e de Christophe Castaner à la tête du mouvement présidenti­el LREM et le remaniemen­t du gouverneme­nt qui en découle.

Un seul mot d’ordre mobilise les hommes du Président qui peuvent paraître aussi glaçants que les spins doctors de la série

The West Wing : mener les premières réformes tambour battant et dérouler le programme, quoi qu’il en coûte. La faible mobilisati­on contre les ordonnance­s sur le droit du travail semble avoir rassuré l’exécutif sur la procédure employée.

« Ils appliquent ce qui était prévu. C’est la bonne méthode et Edouard Philippe joue la carte du dialogue », estime Franck Riester, président du groupe Les Constructi­fs à l’Assemblée.

« Ils sont ouverts à l’échange, ils peuvent rectifier le tir, mais ils n’ont qu’une ligne, celle de la fidélité au programme et de l’efficacité », ajoute un consultant qui les voit régulièrem­ent. →

LE PRÉSIDENT IMPOSE UN TEMPO INFERNAL À SES ÉQUIPES

→ Tant pis si l’image de « Président des riches » reste accolée aux basques du nouvel élu, ou si les critiques sur le manque de proximité et une certaine arrogance commencent à poindre dans l’opinion. « Il impression­ne plus qu’il n’est aimé », admet un de ses fans. « Quand il mouille la chemise sur le terrain à Saint-Martin, il marque des points. Mais quand il laisse les inspecteur­s des Finances gérer les affaires, la froideur reprend le dessus », ajoute un expert en communicat­ion qui l’observe de près. « Il fallait d’abord que le Président réincarne la fonction, plaide-t-on à l’Elysée. Et maintenant, l’important, c’est de tenir le cap, de mettre en pratique le programme annoncé, par souci de cohérence. »

Emmanuel Macron a gardé en effet un souvenir éprouvant des atermoieme­nts de François Hollande, qui le hantent toujours. « Un contre-exemple », répète-t-il à ses troupes. « Il a tellement peur d’être comparé à son prédécesse­ur qu’il surjoue la déterminat­ion absolue. Son vrai modèle, c’est de Gaulle ! », estime un pilier du groupe LREM à l’Assemblée. Aux yeux du trio de l’Elysée, les maladresse­s – notamment le coup de rabot budgétaire de l’été et la baisse brutale des APL, tout droit sortis des placards de Bercy avec l’aval de Macron et Kohler – ne seraient que des épiphénomè­nes. La distance prise avec les journalist­es, au début du mandat, fait aussi partie des décisions assumées du trio, afin, dit-on, de « protéger la décision politique ». Tout comme le virage de l’automne : avec l’appui discret de Brigitte Macron, ils ont organisé l’arrivée début septembre d’un nouveau porte-parole, le journalist­e Bruno Roger-Petit, qui a orchestré l’interview sur TF1 du 15 octobre. Ismaël Emelien a fourni de nombreuses notes pour préparer cette prestation, jugée réussie par le « Boss ». Ne voulant rien laisser au hasard, le trio supervise tout jusqu’au

LE MOT D’ORDRE : DÉROULER LE PROGRAMME COÛTE QUE COÛTE

moindre détail, mettant la pression sur le gouverneme­nt, régulièrem­ent recadré. La plupart des comptes rendus des réunions interminis­térielles qui se tiennent sous l’autorité du Premier ministre, appelés les « bleus de Matignon » à cause de la couleur du papier utilisé, sont désormais relus et annotés à l’Elysée. Les feuilles de route de chaque ministre ont été validées par le Président, qui leur impose des délais très courts pour engager les réformes, en sachant, la plupart du temps, qu’ils sont intenables. Dernier exemple en date : la simplifica­tion de la procédure pénale, annoncée pour le printemps 2018. Le calendrier est difficile à tenir vu le cassetête et la foire d’empoigne qui s’annoncent entre le ministère de l’Intérieur et la chanceller­ie sur le sujet.

Autre détail révélateur : Macron demande souvent aux ministres de venir à des réunions à l’Elysée sans collaborat­eurs, ni même de notes écrites. « Rien n’angoisse plus le Président qu’un ministre qui lit ses fiches. Il faut qu’ils aient préparé leurs dossiers », confie un initié. Une façon, cruelle disent certains, de les éprouver face à lui et Alexis Kohler, après avoir déjà limité à dix le nombre de leurs collaborat­eurs. De plus, ayant choisi lui-même la plupart des directeurs de cabinet des ministres, Alexis Kohler a innové en les convoquant chaque mois au Palais pour une « réunion d’impulsion ».

Par ailleurs, tous les directeurs d’administra­tion centrale défilent à l’Elysée pour des entretiens d’objectifs, souvent en présence du secrétaire général. Des directives sont également données aux commission­s parlementa­ires, dont les élus de la majorité sont longuement reçus à tour de rôle chaque lundi soir rue du Faubourg-Saint-Honoré, par l’intermédia­ire du conseiller Stéphane Séjourné. « C’est une occasion d’échanger avec le Président sur nos objectifs », se félicite le fidèle Jean-Jacques Bridey. Dernier signe de cette emprise élyséenne : les détails du projet de budget 2018 ont été arbitrés par l’équipe Macron, en court-circuitant parfois Bercy et Matignon, dans un sens souvent plus libéral qu’Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin ne s’y attendaien­t. « L’Elysée a piloté le dossier et le Premier ministre n’a pu qu’ajuster à la marge, notamment pour déminer le dossier des APL », regrette un parlementa­ire de la majorité, qui se plaint du mur de conseiller­s entourant désormais le Président, devenu moins facilement accessible. Depuis leur forteresse élyséenne, Emmanuel Macron et ses « Mormons » gèrent la France rênes courtes.

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 ??  ?? « Alexis rassure Emmanuel », confie un initié. Alexis Kohler au Congrès de Versailles le 3 juillet 2017. A droite, Sibeth Ndiaye, conseillèr­e en communicat­ion du Président.
« Alexis rassure Emmanuel », confie un initié. Alexis Kohler au Congrès de Versailles le 3 juillet 2017. A droite, Sibeth Ndiaye, conseillèr­e en communicat­ion du Président.
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 ??  ?? Emmanuel Macron et, de gauche à droite, les deux hommes qui comptent à ses côtés : Alexis Kohler, le secrétaire général, et Ismaël Emelien, conseiller spécial. Ici, dans la salle des fêtes de l’Elysée, en août 2017.
Emmanuel Macron et, de gauche à droite, les deux hommes qui comptent à ses côtés : Alexis Kohler, le secrétaire général, et Ismaël Emelien, conseiller spécial. Ici, dans la salle des fêtes de l’Elysée, en août 2017.
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De gauche à droite. Ismaël Emelien, Christophe Castaner et Muriel Pénicaud : une gestion serrée du gouverneme­nt.
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Conseil de Défense : à droite du Président, Alexis Kohler ; à sa gauche, l’amiral Bernard Rogel, le chef d’état-major particulie­r.

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