CANARDAGE
★★★ ILS ONT VOULU NOUS CIVILISER, de Marin Ledun Flammarion, 234 p., 19 €.
Un petit zonard fraîchement sorti de prison, voleur de canards dans des exploitations agricoles landaises non loin de BegaartsPlage, dérobe la cagnotte de trois truands. Cent douze mille euros. Une fortune ! Les conséquences sont immédiates : au volant de sa Clio, poursuivi par la Golf GTI et le puissant pick-up de trois lascars armés jusqu’aux dents et fous de colère, notre homme s’enfonce dans la nuit, pied au plancher. Alors qu’un terrible ouragan, assorti de rafales à 170 km/h, transforme la forêt de pins en immense jeu de mikado, cette horde sauvage bute contre le grillage d’un vieil ermite barricadé dans sa propriété, hanté par la guerre d’Algérie, sa blessure, son passé. Et les armes se mettent soudain à aboyer… A l’image de son précédent polar, En Douce, mettant en scène une jeune femme handicapée après un accident, rongée d’une froide vengeance, Marin Ledun affectionne particulièrement les personnages borderline torturés, cabossés par la vie. Ce roman noir fulgurant, extrême et dépouillé, orchestrant à la manière d’un western classique, le temps d’une nuit aveuglante, un déferlement de violence inouï, sur fond de tempête du siècle, nous en offre un assortiment de choix, effrayant et profondément humain à la fois.