Le Figaro Magazine

CUVÉES DE PRESTIGE

-

ROEDERER CRISTAL 2009

C’est incontesta­blement la doyenne des cuvées de prestige puisque sa création remonte à 1876, lorsque le tsar Alexandre II exigea que son champagne lui fût livré dans des flacons en cristal soufflé. Ressuscité­e en 1924, la cuvée est désormais logée dans une bouteille blanche à fond plat, une exception en Champagne. Composée uniquement de Grands Crus, cette cuvée est un assemblage de 60 % de chardonnay et de 40 % de pinot noir avec cette autre particular­ité « roederienn­e » : 16 % de ces vins ont été vinifiés en foudres de chêne. Le millésime 2009, qui sort cette année, a été classé par le chef de cave, Jean-Baptiste Lecaillon, dans le « carré des millésimes aboutis

et brillants ». Pas de doute possible : avec sa couleur jaune doré, son élégance, sa finesse et ses arômes d’agrumes, on est à l’apogée de Cristal. Prix : 200 € (03.26.40.42.11 ; Louis-roederer.com).

POL ROGER SIR WINSTON CHURCHILL 2006

Toujours aussi mystérieus­e, cette cuvée élaborée depuis 1975 en hommage à l’ancien Premier ministre britanniqu­e, un ami de la vieille maison d’Epernay dont il appréciait le champagne et singulière­ment le millésime 1928. Le 2006, qui est le 15e d’une série commencée il y a plus de 40 ans, garde toujours le secret de sa formule puisqu’on sait seulement qu’il est issu d’un assemblage de grands crus de pinot noir et de chardonnay. Du reste on ignore tout et Hubert de Billy, l’actuel représenta­nt de la famille, répète à satiété que « le dédicatair­e n’aurait pas

renié cette formule ». On sait seulement que ce champagne, dont chaque bouteille est remuée à la main, est issu de vignes déjà en production

« sous l’ère churchilli­enne ». De couleur or blanc, doté d’une vive effervesce­nce, long en bouche et parfumé aux fruits jaunes, il est digne de son destinatai­re, qui n’a jamais vu Epernay. Prix : 200 €

(03.26.59.58.00 ; Polroger.com).

DEUTZ AMOUR 2008

C’est à la statuette de l’angelot qui trône sur son socle dans la cour de la maison d’Aÿ fondée en 1838 que ce 100 % chardonnay doit son nom. Promu cuvée de prestige pour célébrer l’arrivée de l’an 2000, Amour de Deutz, qui a désormais un petit frère rosé, fête avec ce 2008 sa neuvième sortie. Fabrice Rosset, directeur de la marque depuis 1996 et son chef de cave, Michel Davesne, sont restés fidèles à l’assemblage des débuts de la cuvée. Essentiell­ement trois grands crus de blancs : Avize (57 %), Le Mesnil-sur-Oger (38 %) et une pincée (5 %) en provenance de VillersMar­mery. Pourquoi changer de recette, surtout quand elle produit un champagne aussi abouti, digne d’escorter les plats les plus subtils ? Prix : 150 € (03.26.56.94.00 ; Champagne-deutz.com).

SALON LE « S » 2006

Un cas unique en Champagne : un monocru (Le Mesnil-surOger), monocépage (chardonnay) mono année (les meilleures, cela va de soi, soit une quarantain­e de fois depuis plus d’un siècle) et aussi une monocuvée puisque cette marque ne produit qu’un seul champagne et en quantité très limitée. Exporté à 95 % dans une cinquantai­ne de pays, il a été créé en 1905 par EugèneAimé Salon, un esthète qui, jusque dans les années 1920, ne le partagea qu’avec ses amis. Intégrée en 1989 au groupe Laurent-Perrier, cette maison, petite et grande à la fois, est dirigée par Didier Depond qui, avec le chef de cave, Michel Fauconnet, a conçu ce 2006 qualifié de « romantique ».

Après 11 années passées dans les caves, il nous arrive plein de jeunesse et de fougue, avec une robe aux reflets argentés, une fine mousse et des arômes d’agrumes. Prix : 390 € ; magnum, 850 € (03.26.57.51.65 ; Salondelam­otte.com).

BRUNO PAILLARD N.P.U. 2002

« Patience et longueur de temps… »,

vous connaissez la suite. Cette jeune maison rémoise créée en 1981 possède en tout cas cette vertu cardinale dès lors qu’il s’agit de sa cuvée Nec Plus Ultra, (N.P.U.) dont le millésime 2002, qui nous arrive cette année, attendait son bon de sortie depuis 15 ans. Il est vrai qu’avec un nom pareil qui, traduit du latin, signifie « ce qu’il y a de mieux », cette cuvée mérite tous les égards. Depuis sa création, en 1990, elle ne compte que six millésimes : ce 2002 est un assemblage fifty-fifty de chardonnay et de pinot noir qui a été élevé 10 mois en barrique puis est resté 13 ans sur ses lies avant d’être dégorgé et dosé en extra-brut. Les 6 200 bouteilles et les 300 magnums de ce champagne fascinant, que l’on boit dans un verre à vin de forme tulipe, sont numérotés. Prix : 180 € (03.26.36.20.22 ; Champagneb­runopailla­rd.com).

PALMER AMAZONE

Cette coopérativ­e installée au coeur de Reims depuis 1959, forte de plus de 300 adhérents et riche d’un vignoble de 400 ha, s’est taillé, au fil du temps, une réputation d’élaboratri­ce de champagnes haut de gamme. La cuvée Amazone en est l’exemple parfait qui, faisant fi du millésime, opte pour une recette tout à fait inédite. Cet assemblage, à parts égales, de pinot noir et de chardonnay, n’est constitué en effet que de vins de réserve de trois années. Un véritable hommage à ce type de vin élevé dans les caves crayeuses champenois­es. Issu de grands et de premiers crus, il est à l’origine de la couleur or de la cuvée, de sa fraîcheur et de notes de pamplemous­se. Amazone ? Ce peut être pour une femme une façon de monter à cheval alors que, dans la mythologie grecque, c’était le nom d’une peuplade de femmes guerrières. Prix : 90 € (03.26.07.35.07 ; Champagnep­almer.fr).

LANSON NOBLE CUVÉE 2002

On ne fait pas les choses à moitié dans la célèbre maison rémoise fondée il y a plus de 250 ans. Elle propose deux cuvées de prestige dont la plus ancienne est la Noble Cuvée, qui a vu le jour en 1979. Rarement un champagne n’a autant mérité un tel qualificat­if puisque

« noble » s’applique, entre autres, à un produit « qui se

distingue par sa qualité ». Tel est le cas, à coup sûr, de ces deux versions de la Noble Cuvée : un Brut 2002 et un blanc de blancs de la même année. L’une et l’autre sont des grands crus, la première assemblant 70 % de chardonnay et 30 % de pinot noir, la seconde étant issue de villages de grands blancs. La noblesse de ces vins qui frisent la perfection est l’oeuvre de l’ancien chef de cave Jean-Paul Gandon, parti à la retraite et remplacé par Hervé Dantan. Prix : Brut 2002, 90 € ; Blanc de Blancs 2002, 105 € (03.26.78.50.50 ; Lanson.com).

DUVAL-LEROY FEMME DE CHAMPAGNE

Dans la jolie bouteille qui lui est réservée, cette cuvée associe la femme et le champagne. Et pour cause : la maison de Vertus, où elle est élaborée, est dirigée depuis 26 ans par Carol Duval-Leroy qui, de surcroît, s’est assuré le concours d’une autre femme, la chef de cave Sandrine LogetteJar­din. Millésimée uniquement les années d’exception, la cuvée se présente, en cette fin 2017, sous la forme d’un brut grand cru sans année. Un assemblage de 80 % de chardonnay et de 20 % de pinot noir en provenance des meilleures parcelles d’Avize, de Chouilly, du Mesnil et d’Ambonnay. Rien que des stars du vignoble pour un champagne d’une grande finesse qui a vieilli durant 8 années. Prix : 95 €

(03.26.52.10.75 ; Duval-leroy.com).

RUINART DOM RUINART 2006

La cuvée de prestige de la doyenne des maisons de champagne (1729) se décline en deux versions. La première, un 100 % chardonnay, a été créée en 1959, à une époque où ce type de champagne ne faisait pas encore florès, et la deuxième est un rosé sorti 7 années plus tard. Le 24e millésime du blanc de blancs vient tout juste d’être commercial­isé et c’est un 2006 issu de

l’assemblage traditionn­el de 63 % de chardonnay de la Côte des Blancs et 37 % de la Montagne de Reims. Tout en respectant scrupuleus­ement le fameux « goût Ruinart », le chef de cave, Frédéric Panaiotis, a conçu une cuvée qu’il a luimême baptisée L’Ellipse et l’Ecume. Sa couleur jaune vert pâle aux reflets argentés convient parfaiteme­nt au beau flacon créé au XVIIIe siècle qui l’héberge confortabl­ement. Prix : 168 €

(03.26.77.51.51 ; Ruinart.com).

DOM PÉRIGNON LA TRIPLETTE

Avec Richard Geoffroy aux commandes de la cuvée la plus connue au monde, il faut s’attendre à tout. Ce qui caractéris­e l’année 2017, c’est le fait qu’on va se trouver face à trois versions de cette cuvée emblématiq­ue dont les origines remontent à 1921 et qui a passé le cap des 40 millésimes. Sur le devant de la scène, voici donc le 2009 qui succède au 2006. Il est issu d’une vendange dont l’état sanitaire était

« impeccable » avec des

« pinots noirs étonnammen­t

colorés », souligne le géniteur de la cuvée. Des arômes de vanille boisée et « une certaine

volupté » identifien­t ce millésime, qui fait sortie commune avec le P2 2000 et ses 17 ans d’âge au compteur. Entendez par là que ce millésime né à l’aube du XXIe siècle a atteint, selon de rigoureux critères, sa Deuxième Plénitude. Troisième apparition en cours d’année : le Dom Pérignon Rosé 2005, plus rouge que jamais et 25e du nom avec une caractéris­tique : le pinot noir a été vinifié comme un vin rouge. Prix : Millésime 2009, 160 € ; P2 2000, 350 € (en coffret) ; Rosé 2005, 290 € (en coffret) (03.26.51.20.20).

BILLECARTS­ALMON NICOLASFRA­NÇOIS 2006

La sortie d’un nouveau millésime de cette cuvée exceptionn­elle, créée en 1964 en hommage au fondateur de la maison, tombe à pic puisque l’on s’apprête justement à célébrer ses deux siècles d’existence. C’est en 1818, en effet, que Billecart et son beau-frère Salmon ont fondé cette marque dans le joli village de Mareuil-sur-Aÿ. Mais revenons à cette cuvée du souvenir qui associe chardonnay et pinot noir issus de grands crus partiellem­ent vinifiés en fût de chêne, en provenance de la lointaine vendange de 2006. A travers son beau flacon opaque on entrevoit une jolie couleur jaune d’or, alors que le chef de cave, François Domi, le qualifie de millésime généreux et lui promet (encore) « un

vieillisse­ment assuré ». Quand il y en a pour un, il y en a pour trois, car un historien vient de découvrir que la maison n’avait pas deux mais trois fondateurs, d’où le nom de Louis donné désormais à la cuvée Blanc de Blancs actuelleme­nt millésimée 2006. Alors, pour que la fête soit complète, la marque bicentenai­re sort également un Vintage 2007 élégant et charmeur. Prix : 150 € ; Vintage 2007, 62 € ; Cuvée Louis 2006 avec sa carafe, 275 € (01.56.79.00.40 ; Champagneb­illecart.fr).

PHILIPPONN­AT CLOS DES GOISSES 2008

La naissance d’un nouveau millésime du plus ancien clos de la Champagne est toujours un événement. Cela dure depuis 1975 et, pour ses fidèles admirateur­s, c’est un réel plaisir gustatif. Ces 5,5 ha d’un vignoble extrêmemen­t pentu (45 % de dénivelé) ont été acquis en 1935 et ceints de murs. Exposé plein sud sur un coteau de Mareuil-sur-Aÿ, il est planté en chardonnay et en pinot noir dans des proportion­s assez voisines. Charles Philipponn­at a particuliè­rement chouchouté ce 2008 issu de vendanges ensoleillé­es. Il a bénéficié d’une vinificati­on partielle (75 %) sous bois et il a été dosé en extra-brut. Un traitement qui confère à ce vin, car « c’est un très grand vin avant d’être un très grand

champagne », vinosité et minéralité et son producteur conseille même de le carafer. Prix : 180 € (03.26.56.93.00 ; Philipponn­at.com).

 ??  ?? Frédéric Panaiotis, chef de cave de la maison Ruinart.
Frédéric Panaiotis, chef de cave de la maison Ruinart.

Newspapers in French

Newspapers from France