GÉRALD DARMANIN
Des deux livres politiques qui sont sortis la semaine dernière, le moins polémique, celui qui a le moins fait parler de lui, n’est pourtant pas le moins intéressant. En prenant la plume pour écrire ses Chroniques de l’ancien monde (Editions de l’Observatoire), Gérald Darmanin n’a pas voulu régler des comptes, même s’il égratigne au fil des pages Laurent Wauquiez, mais tenter de montrer pourquoi la droite a fait fausse route en 2017. Pour le ministre d’Emmanuel Macron, cela tient finalement en deux témoignages et un mot : populaire. La droite, et son candidat François Fillon, a oublié de parler à l’électorat populaire qui s’est donc détourné d’elle.
« S’il ne parle pas au mec qui se lève à 5 heures du matin pour aller travailler, il est foutu, ton Fillon ! » Cette conversation téléphonique avec son père est la première alerte pour Gérald Darmanin. Plus tard dans la campagne, alors que les affaires ont déjà éclaté, c’est un petit mot d’une électrice de droite, ouvrière, fille d’ouvrière, qui lui avoue « ne pas pouvoir voter pour monsieur Fillon », qui achève de l’inquiéter : « Je ne peux pas voter pour quelqu’un qui demande de travailler 39 heures payées moins que 39 heures. C’est une question de décence. » Dans ses Chroniques, Gérald Darmanin note, en forme de clin d’oeil, deux signes de la défaite annoncée : le jour de la galette des Rois au QG de Fillon, journée des premières révélations du Canard, la fève est un chat noir ! Au dernier meeting, à Lille, Xavier Bertrand porte une cravate. « Il n’en porte jamais. Sauf pour les enterrements. » C. M.