ÉDOUARD PHILIPPE TIRAILLÉ
Un déplacement de deux jours en province
« Les voyages à l’étranger, ça ne sert à rien. » Autour du
Premier ministre, le bras de fer des conseillers fait rage.
Faut-il qu’Edouard Philippe concentre ses déplacements en France ou doit-il aussi aller à l’étranger ? Epineuse question qui taraude chaque locataire de Matignon. L’étranger permet au chef du gouvernement de se donner une stature internationale, ce qui n’est jamais inutile pour la suite de sa carrière. Mais pendant qu’il voyage hors des frontières, il n’est plus en contact avec les Français. La cellule diplo contre la cellule com’. Un classique du pouvoir à Matignon. La balance penche en faveur de la cellule diplo car, de temps en temps, le Premier ministre doit remplacer le président de la République dans ses déplacements. Ce qui ne veut pas dire que les conseillers en com’ renoncent. Mais ceux d’Edouard Philippe aiment visiblement la difficulté.
Car les « déplacements zapping », ceux qui durent six heures, aller-retour compris, ne les satisfont pas. Ils veulent que le chef du gouvernement prenne son temps, aille au contact des Français qu’il ne touche pas, même quand il passe dans les médias. Quitte à tenter de le faire passer deux jours en province. Un vrai exploit s’ils y arrivent.
« J’ai invité Alain Juppé, il m’a dit qu’il viendrait. » Interrogez François Bayrou sur Pau et immédiatement le maire vous montre les photos qu’il a prises des derniers chantiers et réalisations dont il est fier. Ainsi du stade du Hameau, le terrain de rugby, dont la capacité d’accueil atteindra 19 000 places après la rénovation d’une tribune. L’inauguration aura lieu le 2 décembre, lors de la réception de l’équipe de Bordeaux. Alain Juppé sera en tribune aux côtés de François Bayrou. De quoi alimenter encore un peu plus les rumeurs sur la constitution d’un axe autour d’un grand rassemblement central pour les européennes de 2019.
« Macron méprise Hollande et Hollande déteste Macron. » Pour avoir vu les deux hommes récemment, celui qui parle a pu se faire une idée bien précise des sentiments partagés du Président et de son prédécesseur. « Il a travaillé avec lui, il le connaît bien », ajoute-t-il pour faire comprendre ce mépris ostensible. Au fond on sent que l’actuel chef de l’Etat aimerait effacer des tablettes François Hollande et se montrer comme « le successeur de Nicolas Sarkozy ».