GARÇON, LA MÊME CHOSE !
Ou peut-être faut-il écrire « Garçon. fille. trans, la même chose ! », pour ne pas être soupçonné de stigmatisation ? Dans la préciosité puritaine du temps, la clarté française se perd. Tout ça pour dire que la télé nous propose, aux mêmes heures, la même tisane. La multiplication des talents n’a pas suivi la multiplication des chaînes. En fin d’après-midi, sur celles qui font penser : l’éternel débat-avec-experts pour France 5 (Caroline Roux ou Bruce Toussaint), CNews (Yves Calvi) ou LCI (David Pujadas). Le fameux décryptage-avec-pas-de-côté. Mêmes thèmes, mêmes arguments, même ronron. Il faut attendre 20 h 05 et l’excellente Elisabeth Quin sur Arte pour se réveiller.
Sur celles qui font dépenser : commérages et médisances. On dit du mal de ses amies (« 4 mariages pour 1 lune de miel », TF1), on regarde si les toilettes du voisin sont propres (« Bienvenue chez nous », TF1), si sa cuisine est bonne (« Un dîner presque parfait », M6) ou si la robe de sa meilleure copine ne la boudine pas trop (« Les Reines du shopping », M6). Les séries participent de cette uniformité. Pour favoriser l’empathie, leurs personnages doivent être sains, ne pas fumer, manger cinq fruits et légumes par jour et vanter le vivre-ensemble dans le respect de la parité et de la terre qu’ils empruntent à leurs enfants. Résultat : ni héros ni art. Shakespeare, pas plus que Molière, n’aurait pu écrire pour la télévision. Royaume du conformisme, la télé n’est pas un art.
Cette dernière phrase : presque aussi beau que du Xavier Couture. En moins cher.