UNE FEMME DE POUVOIRS
★★ LA VIE MOUVEMENTÉE D’HENRIETTE CAMPAN, Flammarion, 602 p., 24,90 €.
On connaît Henriette Campan parce qu’elle fut la première femme de chambre de MarieAntoinette. L’auteur controversé de mémoires publiés après sa mort n’est pas non plus oublié. Le livre dense que lui consacre Geneviève Haroche-Bouzinac, déjà biographe de Louise Elisabeth Vigée-Lebrun, nous fait découvrir dans toute sa richesse une figure féminine à la croisée de plusieurs époques. L’historienne, qui rétablit des faits déformés par la postérité, montre ainsi son écartèlement entre sa fidélité à la famille royale et sa clairvoyance face à un régime qu’elle voit se déliter au fil des mois. Après la chute de la monarchie, Henriette Campan échappe à l’échafaud et ouvre à SaintGermain-en-Laye, près de Paris, un pensionnat pour filles. Celle qui se fait alors appeler l’« Institutrice » accueille aussi bien des enfants de Jacobins repentis que des orphelines de guillotinés. Ses idées pédagogiques sont novatrices :
« Si jamais je fais une république de femmes, je vous en nomme Premier consul », lui dit Napoléon dans un de ces éloges moqueurs dont il avait le secret. L’Empereur la nomme surintendante de la Maison d’éducation de la Légion d’honneur d’Ecouen mais il s’opposera toujours – bien entendu – à ce que cette institution se transforme en un mouvement d’émancipation féminine.