KARACHI CONFIDENTIEL
★★★ LE PRISONNIER, d’Omar Shahid Hamid, Presses de la Cité, 384 p., 21 €. Traduit de l’anglais (Pakistan) par Laurent Barucq.
Le 21 décembre, un journaliste américain est enlevé dans une rue grouillante de Karachi. Ses ravisseurs menacent de l’exécuter le soir de Noël. Pour le gouvernement pakistanais, allié aux Etats-Unis, c’est la tuile. Aux yeux des services secrets, deux anciens flics sur la touche – l’un devenu directeur de prison, l’autre prisonnier dans ce même pénitencier – semblent être les hommes de la situation pour dénouer cette crise. Commence alors un vertigineux jeu de billard à trois bandes dans une des villes les plus dangereuses et les plus corrompues du monde… Tout au long de ce terrible thriller plongeant le lecteur dans les coulisses de la mégapole la plus peuplée du monde musulman, on pourrait penser que son auteur force le trait.
Il n’en est rien. Policier responsable de la cellule antiterroriste, Omar Shahid Hamid a longtemps travaillé au coeur de ce labyrinthe où politiciens, mafieux, djihadistes et hauts fonctionnaires se livrent à des guerres intestines sanglantes, et a même dû quitter précipitamment Karachi en 2011 avec sa famille, pour un exil de cinq ans, après avoir été condamné à mort par des talibans. D’après lui, 90 % des événements de ce polar sont vrais. Ce qui le rend, évidemment, encore plus effrayant.