CONTRE LE DÉCLASSEMENT
Pas de débat sans culture, pas de culture sans lecture. Le rang d’un pays commence par ça. Quand ? Dès l’école maternelle, dit JeanMichel Blanquer. « L’enjeu est là. » Mais comment le faire comprendre à l’opinion, mobiliser les parents, la classe politique et pas seulement le corps enseignant ? Par l’exemple et les comparaisons. Les classements internationaux constituent l’arme de dissuasion massive du ministre de l’Education nationale. Le dernier en date sur la lecture et la compréhension d’un texte par des enfants de CM1, à l’école primaire, classait la France 34e sur 50 pays étudiés ! Une occasion en or pour le ministre de revenir aux fondamentaux. Où en sommes-nous pour que le ministre de l’Education nationale soit obligé de rappeler que l’apprentissage de la lecture consiste à apprendre : l’alphabet, les syllabes, les mots, les phrases et à les comprendre ? On ne le savait donc pas ? On se racontait des histoires. Sans évaluations comparées, on baignait dans le déni des pédagogistes – dans la « postvérité », comme on dit désormais, cette pseudo-vérité qui se joue de la véracité des faits pour affirmer n’importe quoi. On savait que le niveau dégringolait, mais on le niait, jusqu’au jour où le classement Pisa (72 pays, élèves de plus de 15 ans) a montré notre « déclassement » par rapport aux autres, où le Timss (57 pays, mathématiques et sciences) a révélé que nous n’étions plus les forts en maths que nous rêvions d’être. Longtemps, cela n’a débouché que sur des polémiques et des
« clivages à la française », expression favorite de Blanquer.
« C’est de cela dont il faut sortir », disait-il la semaine dernière, devant des lycéens d’établissements d’éducation prioritaire (et même d’un internat d’excellence en uniforme), venus assister à Bercy à la Journée du livre d’économie *. La seule manière de clouer le bec aux polémiques stériles, c’est bien de montrer notre carnet de notes au-dessous de la moyenne européenne – et inférieures à celles de la Russie ou de Singapour !
* A cette occasion, le prix du livre d’économie a été décerné à
La Société hyper-industrielle (Seuil) de Pierre Veltz.
Les classements internationaux constituent l’arme de dissuasion massive du ministre de l’Education