“BILAN POSITIF POUR L’ÉNERGIE, PAS POUR L’AGRICULTURE”
L’économiste regrette que l’exécutif reste encore trop soumis aux « commandements » de l’écologie politique quand il aborde certaines des questions liées à la santé publique.
L’appréciation de la politique menée depuis six mois en matière d’environnement diffère si l’on adopte le point de vue des écologistes politiques, lesté d’a priori et de croyances le plus souvent infondés, ou si l’on tente d’être objectif, en étudiant à la fois les questions d’environnement stricto sensu (qualité de l’eau, de l’air, biodiversité…), les questions de santé publique et les éventuelles alternatives techniques en matière d’énergie, d’urbanisme, de transports ou d’agriculture.
Le premier commandement des écologistes est : « Le nucléaire tu banniras. » Pourtant, ce moyen de fabriquer de l’électricité ne rejette pas de gaz à effet de serre (ce qui n’est pas le cas du méthane, du pétrole ou du charbon) et est aussi la moins dangereuse des énergies car elle tue 4 000 fois moins que les centrales à charbon par térawatt produit ! L’Allemagne démontre que les énergies alternatives (photovoltaïques et éoliennes), faute de nucléaire, ont besoin de gaz ou de charbon pour répondre à la demande d’électricité d’une grande nation. Emmanuel Macron retient la leçon et ne reprend pas à son compte la promesse de François Hollande, qui était de ramener la part du nucléaire à 50 % de la production de l’électricité française. Pour y parvenir, il eût fallu, dans les sept ans qui viennent, fermer 18 centrales, tâche coûteuse et immense qui aurait doublé le prix du kilowattheure. François Hollande avait été incapable d’en fermer une en cinq ans ! Si, en matière d’énergie, le bilan est positif, il ne l’est pas en matière agricole. Il est incompréhensible de réduire à trois ans l’autorisation donnée pour l’usage du glyphosate, alors que l’Union européenne le prolonge de cinq ans. Ce produit n’est pas dangereux pour les agriculteurs comme le confirme une récente étude américaine, il ne l’est donc a fortiori pas pour le reste de la population. Les agriculteurs sont perdus : ils savent que, dans trois ans, il n’y aura pas d’herbicide équivalent et se demandent comment ils pourront concurrencer les autres producteurs européens ou ceux des pays tiers. En outre, la France ne pourra pas empêcher l’importation de produits agricoles. Qui mesure la nature et la quantité des pesticides utilisés par les agriculteurs du Kenya pour les haricots verts vendus chez nous ? Autrefois un des deux leaders mondiaux, la France participe de moins en moins à la révolution scientifique en biologie végétale. Si le deuxième commandement de l’écologie politique est « Monsanto tu attaqueras », le faire sans discernement consiste à favoriser le projet de l’écologie politique qui est celui de la décroissance, Monsanto n’étant qu’un prétexte.
Enfin, tant en matière de normes que d’urbanisme
ou de santé publique, les décisions déjà prises semblent aller dans la bonne direction. Pour ce qui est de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, il faudra attendre et espérer. Quant à la qualité de l’air, on attend que le préfet de Paris, constatant la pollution accrue sur les quais de la capitale et, notamment, sur le boulevard Saint-Germain, rétablisse la circulation automobile des voies sur berge. Pour l’instant, elles ne profitent qu’à un tout petit nombre de privilégiés, tandis que la vie quotidienne de ceux qui autrefois les empruntaient, il est vrai pas tous électeurs à Paris, est pourrie par cette interdiction prétendument décrétée pour des raisons de santé publique ! » ■