Le Figaro Magazine

CUTIF DÉCROCHE LA MOYENNE

-

FISCALITÉ DES ENTREPRISE­S

La baisse de l’impôt sur les sociétés de 33,3 % à 25 % est une mesure très efficace en termes de création d’emplois : 135 000 emplois nouveaux sont attendus pour 2022. Quant aux exportatio­ns, elles augmentero­nt de 5,2 milliards d’euros. Autre promesse, le basculemen­t du CICE en baisse de charges finalement articulé en deux temps. En 2018, il coûtera 3 milliards aux entreprise­s (le taux passe de 7 à 6 %). La première année, la mesure peut détruire des emplois mais d’ici à 2022, elle devrait en créer 200 000. Concernant la « surtaxe exceptionn­elle » sur les entreprise­s destinée à rembourser les 10 milliards (aux entreprise­s) de la taxe illégale sur les dividendes instaurée par François Hollande, la démarche est fébrile et juridiquem­ent fragile. Elle pourrait être censurée par le Conseil constituti­onnel. Enfin, la réforme du régime social des indépendan­ts (RSI). En dépit de quelques bonnes idées comme les points touchant aux statuts d’autoentrep­reneur et de micro-entreprene­ur, la réforme est insatisfai­sante. A craindre ? Un alignement de leurs taux de cotisation­s sociales sur celles du régime général. La vigilance devra être constante. Enfin, il n’y a aucune correction prévue de l’écart de fiscalité pesant sur les indépendan­ts français relativeme­nt à leurs homologues des autres pays européens.

ORDONNANCE­S SUR LE TRAVAIL

La réforme ne touche ni aux 35 heures, ni à la réglementa­tion des seuils d’effectifs, ni à la définition de la cause réelle et sérieuse du licencieme­nt. Sur ce point, le gouverneme­nt a préféré laisser subsister une définition qui laisse une large faculté au juge de déclarer le licencieme­nt abusif et, en contrepart­ie, a limité le montant des dommages et intérêts. Cela fausse les rapports sociaux. Du point de vue des employeurs, l’instaurati­on d’un barème est fortement compensée par l’augmentati­on de 25 % des indemnités légales. La fusion des instances représenta­tives du personnel (IRP) va dans la bonne voie mais attention à la question du nombre des mandataire­s et des heures de délégation qui leur seront accordées. Cela reste à déterminer et les syndicats défendront, a minima, le statu quo. Sur l’ouverture de la négociatio­n au niveau de l’entreprise, regrettons que trop de sujets en soient exclus, comme le taux de majoration des heures supplément­aires. Les mécanismes de négociatio­n sur les autres sujets sont étendus aux petites entreprise­s, mais exiger une majorité des deux tiers est une marque de défiance vis-à-vis de l’employeur. L’ouverture à l’employeur de la possibilit­é de soumettre au vote des salariés un accord conclu par une minorité syndicale de 30 % constitue une avancée favorable, dont on peut toutefois douter qu’elle soit fréquemmen­t utilisée.

MORALISATI­ON DE LA

VIE PUBLIQUE

La suppressio­n de la réserve parlementa­ire est une très bonne nouvelle pour la démocratie française (la réserve ministérie­lle persiste en vertu du principe de séparation des pouvoirs, mais elle baisse considérab­lement). Cette pratique, très opaque jusqu’en 2014, était très clientélis­te. Quant au bureau du Sénat, il souhaite réhabilite­r la réserve pour « maximiser la représenta­tion nationale dans les territoire­s ». A surveiller de près. En matière d’interdicti­on des emplois familiaux pour les postes de collaborat­eurs, le Parlement et le gouverneme­nt s’alignent sur les règles européenne­s. C’est, ni plus ni moins, ce qui était attendu et souhaitabl­e. Le Président s’était aussi engagé à fiscaliser toutes les indemnités parlementa­ires. Ce ne sera pas le cas. Le choix qui a été fait trahit un manque certain de courage, puisque les députés ne seront soumis qu’à un contrôle aléatoire effectué annuelleme­nt. Est conservée en outre pour les frais de mandat, une acception très large des dépenses pouvant y figurer. Si l’achat d’un bien immobilier est désormais impossible, la prise en charge de la taxe d’habitation du logement parisien des députés en fait bien partie. La déontologu­e de l’Assemblée étrille le dispositif… A suivre.

Newspapers in French

Newspapers from France