INTERDIT AUX MOINS DE 18 ANS
★★★ LA FORTERESSE IMPOSSIBLE, de Jason Rekulak, Actes Sud,
368 p., 22,80 €. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Héloïse Esquié.
On n’imagine pas comme il pouvait être difficile de se procurer Playboy en 1987 quand on était mineur. Billy Marvin a 14 ans et doit inventer un plan tarabiscoté pour tenir entre ses mains ce graal convoité. D’autant que ce mois-là, s’exhibe en petite tenue la célèbre animatrice de la « Roue de la fortune », autant dire le fantasme numéro un du narrateur et de ses petits camarades, Alf et Clarck. Mais n’est pas le roi du cambriolage qui veut et ces pieds nickelés vont connaître bien des péripéties pour tenter de s’introduire dans le kiosque qui le vend. L’Américain Jason Rekulak n’a rien oublié de son adolescence et il ne fait aucun doute que ce premier roman à la Nick Hornby est en grande partie autobiographique. S’il décrit avec mordant et humour le lien qui unit son héros à ses copains d’enfance, il évoque ses premiers émois avec une délicatesse rafraîchissante. Billy découvre qu’il est amoureux. La geek Mary, virtuose comme lui de créations de jeux vidéo, ne ressemble en rien à une playmate, mais va faire chavirer son coeur d’artichaut. A travers ces pages aussi visuelles que sonores pointe la nostalgie revigorante des années 1980, celle d’avant internet, époque lointaine où la pornographie était une couverture de journal, la communication tout sauf virtuelle, où on rêvait d’un avenir radieux en écoutant en boucle Phil Collins ou en jouant au Monopoly. Autant dire un autre siècle.