Le Figaro Magazine

L’affiche/Les passe-temps d’Eric Neuhoff

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A57 ans, Kenneth Branagh ne peut pas être soupçonné de se reposer sur ses lauriers. Après avoir été dirigé par Christophe­r Nolan dans Dunkerque, il repasse derrière la caméra dans Le Crime de l’OrientExpr­ess, où il se paie parallèlem­ent le luxe de jouer l’inénarrabl­e Hercule Poirot. Moins maniéré que les illustres interprète­s du détective belge, Peter Ustinov et David Suchet – mais la moustache plus fournie –, il fait face à un casting quatre étoiles dans cette nouvelle adaptation du roman d’Agatha Christie. Dans la peau de la victime, un homme d’affaires américain peu scrupuleux : Johnny Depp. Dans le costume des suspects : Michelle Pfeiffer ou Willem Dafoe. Une intrigue toujours passionnan­te en dépit de son dénouement connu de tous. Sur sa lancée, Branagh livrera Keeper of the Diary, où il contera le combat du père d’Anne Frank pour faire publier le journal de sa fille, puis une oeuvre fantastiqu­e, Artemis Fowl. Pour lui, tous les feux sont au vert.

PIERRE DE BOISHUE

BOURDELLE DANS LA LUMIÈRE

L’exposition « Bourdelle et l’antique, une passion moderne » *, lie le fond et la forme avec une rare élégance. Huit chefs-d’oeuvre de l’artiste dialoguent avec leurs sources d’inspiratio­n, grecques ou romaines, dans une lumière savamment orchestrée dont les ombres portées soulignent la puissance. On retrouve la force du Torse du Belvédère dans son Héraklès archer et la langueur de la Pleureuse de Canosa répond à celle de Pénélope. Des influences qui ne l’empêchent pas de faire évoluer son style. Les variations de plans juxtaposés d’Apollon au combat marquent la rupture avec Rodin. Ce travail lui fait comprendre que « modeler, c’est détruire, construire, c’est créer ». Ses élèves, comme Germaine Richier, sauront s’en souvenir. En ce début de XXe siècle, d’autres artistes vont le suivre : des sculptures de Brancusi, Modigliani, Picasso, Zadkine… sont là pour en témoigner. Et que dire de ce bouleversa­nt Centaure mourant (photo), dont la tête inclinée rappelle les christs du Moyen Age ? « Il meurt comme tous les dieux, parce qu’on ne croit plus en lui », commentait Bourdelle. Un univers envoûtant.

SYLVIE MARCOVITCH * Musée Bourdelle, Paris XVe. Jusqu’au 4 février 2018.

CARLA, FAN DE...

Il y a un côté charmant chez Carla Bruni : voilà une chanteuse qui sait s’amuser dans son art. Malgré son maigre filet de voix, l’ex-mannequin s’était fait plaisir dans son premier et triomphal album,

Quelqu’un m’a dit. Saluée pour la qualité de ses textes en français, elle avait enchaîné avec une parution en anglais. Puis dans Little French Songs,

l’épouse de Nicolas Sarkozy avait raillé drôlement François Hollande dans

Le Pingouin. Nouvelle facétie dans French Touch * où elle s’attaque à des standards anglosaxon­s. Enjoy the Silence

de Depeche Mode, Highway to Hell de AC/DC, Miss You

des Rolling Stones (Mick Jagger a été séduit par sa reprise tout en douceur)… Autant de choix audacieux. Avec le célèbre producteur David Foster, elle a parfaiteme­nt relevé le défi en se réappropri­ant ces chansons sans leur faire perdre leur âme. Le résultat est rafraîchis­sant. Après une tournée en Europe, Carla Bruni sera en 2018 en concert aux Etats-Unis et en Asie. La classe internatio­nale ! P. B. * Verve.

GAUGUIN, PARADIS PERDU

La RMN entre en littératur­e et Zoé Valdès peint Gauguin *. D’une écriture lumineuse, empreinte d’une violente sensualité, l’exilée cubaine saisit le crépuscule de l’exilé des Marquises. Un récit, où le peintre à l’agonie, en proie à la souffrance, aux désirs et aux délires morphinoma­nes, convoque les fantômes de sa vie : les Van Gogh ; Vollard, le marchand d’art ; Mette, l’épouse danoise et leurs enfants qu’il a abandonnés ; Tehamana, Tehura, ses muses et maîtresses. Les derniers jours d’un affranchi en 60 pages lumineuses.

MARIE ROGATIEN * Et la terre de leur corps, de Zoé Valdès, RMN, 60 p., 14,90 €.

LA MUSIQUE QUI SE MÉRITE

Horreur : le roi des Lowreliens a décidé de priver son petit peuple de musiciens de jouer de leurs instrument­s ; c’est dans le seul but d’asseoir son autorité. Pour remettre le son dans le royaume, il faudra les efforts conjugués d’un voyageur, d’une femme aux yeux émeraude, d’un tambour très ancien, d’une flûte d’os et d’un malin stratagème… Narrée par Patrick Bruel, mise en musique par Karol Beffa, interprété­e par des stars du classique comme Renaud Capuçon et illustrée par Louis Thomas, la belle histoire de Mathieu Laine éveille tous les sens et fait naître les plus grandes émotions (à partir de 6 ans).

CLARA GÉLIOT Le Roi qui n’aimait pas la musique, Gallimard Jeunesse Musique, 24,90 €.

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CINÉMA EXPO
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MUSIQUE LIVRE LIVRE-CD

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