Patrimoine
Alors que le bitcoin, cette cryptomonnaie si spéculative, s’échange depuis quelques jours sur une Bourse américaine (le Chicago Board Options Exchange), sommes-nous sur le point d’entrer dans une phase d’excès comme en connaît régulièrement la finance ? Le CAC 40, qui vogue entre 5 300 et 5 400 points, a progressé de 10 % environ depuis le début de l’année. Et les indices américains ont fait beaucoup mieux : le Dow Jones a bondi de 22 % et le Standard & Poor’s 500, de 18 %. « Depuis le début de l’année, le S & P 500 a battu 57 records et le Nasdaq, 70 » constate Robeco. Parallèlement, l’économie mondiale va mieux, la croissance s’accélère (+ 3,6 % attendus cette année) et, dans la zone euro, l’embellie est réelle. « En zone euro, l’activité a toutes les raisons de continuer de progresser à un rythme dépassant encore 2 % l’an prochain », indique Florence Pisani chez Candriam. L’an prochain, en France, l’immobilier sera seul à supporter un impôt sur le patrimoine dans le cadre de l’IFI. Cela suscitera-t-il des arbitrages ? Nul ne le sait vraiment. Pour l’instant, le marché immobilier tient bon, soutenu par des taux de crédit toujours bas, mais croissance et immobilier sont liés. « Le secteur de la construction explique à lui seul plus de 40 % de l’accélération de la croissance du PIB de la zone euro. Durant les prochains trimestres, la demande de logements et les prix immobiliers devraient continuer à croître en zone euro et soutenir la croissance, mais ce sera une source d’instabilité financière », avertit Mathilde Lemoine, chef économiste du groupe Edmond de Rothschild.
Or, le propre de la Bourse est d’anticiper. Alors, les bonnes nouvelles seraient-elles déjà dans les cours ? « Les marchés actions possèdent un potentiel limité. L’année 2017 s’achève avec des valorisations tendues sur la plupart des marchés actions sans être pour l’instant dans une situation de bulle », estime CPR. Conscients que les arbres ne montent pas au ciel, les stratèges se font plus prudents. « A l’approche d’une fin d’année plutôt fructueuse, la tentation de prendre des bénéfices existe. Mais de nombreux facteurs de soutien demeurent présents à moyen terme », explique Bernard Aybran chez Invesco. Chez CPR, même réserve : « Nous n’anticipons pas pour le moment une crise économique et/ou financière majeure, mais il conviendra de privilégier la prudence en 2018. » Le resserrement monétaire aux Etats-Unis n’inquiète pas outre mesure les gestionnaires, mais les actions sont chères. « Le potentiel pour 2018 est d’environ 5 à 10 % selon les places » espère néanmoins Vincent Guenzi chez Cholet Dupont, qui juge très forte la probabilité d’une correction des marchés et réduit la part des actions dans les portefeuilles « dans l’attente de meilleures opportunités d’achat à saisir dans les prochains mois ». CAROLE PAPAZIAN