VOEUX À LA NEIGE

Il faudrait qu’il neige. Ça serait vraiment Noël. Mais la neige ne tient pas, à Paris. Très vite, elle se transforme en gadoue. Les voitures roulent avec un bruit de succion. Sur les trottoirs, les passants relèvent le col de leur manteau. Les enfants marchent la bouche ouverte, tête en arrière, essayant de gober des flocons. Expérience : aller au cinéma et s’apercevoir à la sortie qu’il a neigé pendant la séance. C’est magique. Tout est blanc. Tout est pur. La lumière en est modifiée. Les sons ont changé. Ils ont quelque chose d’irréel, d’étouffé. Il règne sur le quotidien une ambiance de rêve. La réalité se déguise. La météo fait des miracles. Les villes se prennent pour des stations de ski. La montagne Sainte-Geneviève joue les pistes noires. On sort les gants, les bonnets. On se réveille dans un monde nouveau. On pousse les volets et c’est comme une hallucination. Cette vision a le don de frapper les esprits. On s’en souvient pour le restant de ses jours. Un hiver sans neige, il aura toujours l’air de lui manquer quelque chose. La neige tombe ici de moins en moins souvent. Elle a tort. La planète s’est réchauffée. C’est une drôle d’idée. Rendez-nous nos décembres d’antan. Nous voulons réveillonner en anorak, avoir les doigts gourds, pousser devant nos bouches de petits nuages de buée, glisser sur des plaques de verglas, voir des stalactites pendre des gouttières.

Il neige, oui. Il va neiger. Soudain, on aura 8 ans.

Les villes se prennent pour des stations de ski